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Dossier de la Rédaction

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Un donner à penser

Inédit. Surprenant. Détonnant. Abracadabrant. Les épithètes pour qualifier la composition du bureau du Sénat au lendemain de son élection ne manquent pas. Parce que personne n’en est encore revenu. Les commentateurs, comme les politiques et les observateurs, ont tous encore – un peu – la gueule de bois.

Car enfin, même si on savait le chef de l’Etat fin manœuvrier, habile tacticien, sa dernière carte, nommer Marcel Niat Njifenji, 79 ans, baron discret du régime originaire de l’Ouest, comme président du Sénat, laisse pantois les exégètes les plus avisés. De ce premier bureau historique du Sénat, nous retiendrons trois notes essentielles : Paul Biya l’alchimiste ; la percée des femmes ; l’ouverture et le pluralisme.

Paul Biya l’alchimiste. En proposant un dignitaire de l’Ouest à la présidence du Sénat, institution de poids dans la vision démocratique globale, le chef de l’Etat a prouvé que si la politique de gestion des équilibres ethnolinguistiques, géographiques dont il est le promoteur depuis toujours, restait bien la meilleure garantie de la stabilité et de la cohésion nationales, elle n’était pourtant pas figée, confinée à quelques pôles exclusifs formant un parfait triangle équilatéral : le Centre-Sud, le Grand Nord, et la zone anglophone.

Longtemps, on a pensé que le pouvoir ne pouvait qu’échoir, voguer, roter, entre ces trois extrêmes, selon une règle non écrite que chacun avait implicitement admise.

L’irruption de M. Niat Njifenji, non pas dans la sphère du pouvoir central, qu’il connaît déjà, mais dans l’entonnoir étroit où se tricote l’avenir du pays est un donner à penser. Deuxième personnalité de l’Etat, il aura un droit de regard sur les lois votées, sur la composition du Conseil constitutionnel, instance de validation des élections. Il pourrait également jouer un rôle non négligeable dans la perspective d’une transition politique.

On serait alors tenté de croire que le chef de l’Etat a rebattu les cartes sans crier gare. Car là où l’opinion publique voyait un anglophone, un ressortissant du Nord, ou à tout le moins d’une ethnie minoritaire, il a joué de son joker. Wait and see…

La percée des femmes. Les statisticiens font déjà prosaïquement le décompte : 5 femmes sur 17 membres du Bureau. Ce n’est pas si mal. C’est même inédit. Lentement mais sûrement, les femmes creusent leur sillon dans les arcanes du pouvoir politique. Avec ténacité et opiniâtreté, avec aussi une bonne dose de culot dans un pays, le nôtre, qui s’illustre comme l’un des plus conservateurs dans ce domaine. Les femmes savent qu’elles ont un allié de poids dans cette quête de reconnaissance et d’égalité : le président de la République. La construction d’une société égalitaire est au cœur de sa vision politique, et des actes concrets de promotion du genre ont été pris, malgré des mentalités rétives et des traditions souvent d’arrière-garde. Dans le commandement, l’armée, le gouvernement, le parlement, les directions générales et les conseils d’administration, la présence féminine est effective. Toutefois, les femmes doivent encore se battre pour le nombre. Et la qualité. Les femmes sénateurs seront sans nul doute d’un grand apport dans la mise en place de lois plus justes et plus incitatrices pour les femmes.

L’ouverture et le pluralisme. Comment ne pas relever la volonté manifeste d’ouverture qu’exhale ce premier bureau du Sénat ? Dans une configuration où le parti au pouvoir, le RDPC, n’était pas contraint au partage car disposant d’une confortable majorité, 4 postes sur 17 ont néanmoins été confiés à des représentants de l’opposition politique : le SDF (2), l’UNDP (1), le MDR (1). Quand on considère en outre l’ouverture aux femmes et aux jeunes, l’expertise avérée des membres, on peut penser que le Sénat a pris pour option de mettre en place le bureau le plus représentatif possible de toutes les sensibilités sociopolitiques, afin de favoriser le débat constructif et le consensus, face aux missions essentielles qui sont les siennes. Ce faisant, il jette les bases d’une saine et fructueuse collaboration.

A la vérité, les jours qui viennent risquent d’être encore fertiles en commentaires, interrogations, projections, supputations. La mise en place effective du Sénat ne se fera pas, en effet, sans un temps d’adaptation et d’accoutumance, nécessaire avant que le public n’intègre le rôle essentiel de ce nouvel acteur public. Au-delà des considérations claniques et partisanes, de l’effet de surprise des premiers jours, il faudra pourtant aider les sénateurs à entrer dans leur nouveau rôle, afin que nous puissions juger, demain, de l’apport concret de ce Sénat dans la marche en avant du pays. Le président et son bureau devront alors se montrer efficaces, patriotes, assidus, à la hauteur des espoirs que le président de la République et le peuple placent en eux.

 

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