C’est peut-être les vacances, mais ce n’est pas encore la pause pour la jeune Béatrice N., 17 ans. Vendredi dernier, au terme de l’examen du probatoire, à peine a-t-elle rangé son sac de classe qu’elle a apprêté un autre en vue d’un stage de vacances qui a débuté le lundi d’après. Le rythme n’est en rien différent de l’école. « Je sors toujours de la maison à 7h pour y revenir vers 16h30. Au moins c’est relax !
Peut-être parce que ce sont les premiers jours mais on passe la journée à pratiquement rien faire », a-t-elle affirmé hier au sortir de la société qui l’emploie en ce moment à Yaoundé. Un mois de stage avec 50.000 F de salaire à terme. Comme elle, nombre de jeunes élèves et étudiants envisagent de passer ainsi une partie de leurs vacances dans des lieux de stages académiques ou scolaires. Pour d’autres, vacances scolaires riment essentiellement avec loisirs et découvertes.
Pour les plus jeunes justement, le manège du Boulevard à Yaoundé est un lieu privilégié de sortie en week-end. Samedi et dimanche, de l’ouverture à la fermeture vers 21h, le site est toujours bondé. Qu’il s’agisse des auto-tamponneuses, du carrousel, de la toupille ou du château gonflable, les enfants s’adonnent à cœur joie. 500 F, pour trois minutes. Vigiles, moniteurs et parents veillent, notamment sur les cadets de 3 à 6 ans. Ce sont des jeunes gens qui pourraient faire partie des différentes colonies de vacances en cours d’organisation au ministère de la Jeunesse et de l’Education civique d’une part et au ministère du Tourisme d’autre part.
En attendant, dans les maisons, télévision et jeux vidéo occupent les vacanciers. « Du réveil au coucher, les garçons sont ainsi devant l’ordinateur. S’il n’y avait pas ces éclats de voix de temps en temps, ou des cris de joie, on croirait qu’ils ne sont pas à la maison », explique Germaine B., mère de famille. Et pour elle, c’est tant mieux. « Au moins, je sais toujours où ils sont et ça ne me coûte presque rien », explique-t-elle.
Les vacances se passent également dans les rues et marchés pour certains enfants. On a pu remarquer que le centre-ville de Yaoundé est de plus en plus plein de ces petits commerçants de friandises, mouchoirs et divers autres accessoires. Filles et garçons sont ainsi mis à contribution.
Autre occupation et non des moindres, le retour aux sources dans les villages et campagnes. D’où l’affluence de ces derniers temps dans les gares routières et agences de voyage. Cela explique aussi le dispositif de prévention routière traditionnellement déployé durant cette période, autant par le ministère des Transports, les forces de maintien de l’ordre que des Ong. L’idée d’envoyer les enfants passer les vacances au village semble la même chez beaucoup de parents, à l’instar de Pierre Wang : « C’est important qu’ils aillent se frotter à leur culture et améliorer leur langue maternelle, aux côtés de leurs grands-parents ».
Pendant les vacances, on s’occupe de son mieux.
« Le repos est impératif »
Maurice Assoumou, cadre de Jeunesse et animation.
Existe-t-il des activités idéales pour que les jeunes passent des vacances utiles ?
Effectivement, il y a des activités qu’on peut qualifier d’idéales, notamment pour les jeunes habitant en milieu urbain, qui sont généralement portés vers des loisirs qui les exposent au danger. Ainsi, pour des vacances utiles, on peut les orienter vers des colonies de vacances, très importantes pour la petite enfance dès 4 ans. L’idée est de réunir des jeunes Camerounais qui viennent des 10 régions du pays, pour se retrouver soit dans une cité balnéaire comme Kribi, soit dans un campement de pygmées à l’Est ou au Sud. Cela leur permet de faire des découvertes utiles pour leur épanouissement. Ils apprennent à vivre en société et surtout, ça contribue au brassage culturel et partant, à l’Unité nationale.
Ce n’est malheureusement pas faisable pour tous les parents ?
C’est vrai, mais il ne faut pas réfléchir ici en termes d’argent. Il faut surtout voir ce que ça va rapporter à vos enfants. Le gain est énorme et l’enfant est occupé sainement. Il faut également avouer que ce n’est pas aussi coûteux que l’on croit. Mais en dehors des colonies, les parents peuvent penser à des champs ou chantiers de vacances, même dans les quartiers. Il s’agit, par exemple, des travaux d’intérêts communs qui occupent les enfants une bonne partie de la journée. Ils travaillent entre amis ou voisins tout en s’amusant. En dehors de cela, on peut citer la lecture ou des activités sportives qui occupent les enfants dans la journée et les épargnent des balades dans la ville où ils sont exposés à des rapts et autres agressions.
Quid des petits commerces ?
Le petit commerce est à encourager mais cependant, il faut savoir à quelle heure commencer et à quelle heure rentrer à la maison. Mais aussi dans quels milieux accéder pour proposer sa marchandise. Parce que ces enfants s’exposent aux accidents et diverses violences. Donc le petit commerce n’est pas condamnable parce que ça apprend déjà aux enfants à se prendre en charge mais, c’est une activité qui nécessite beaucoup d’attention.
Quel regard portez-vous sur les cours de vacances ?
Je ne souscris pas du tout à cette option. C’est une surcharge inutile. Il est important que les enfants s’arrêtent un peu à la fin de l’année scolaire ou s’occupent à autres choses. Ils doivent se sentir en vacances. Même les parents travailleurs ont besoin de congé annuel. Le repos est impératif dans la vie active et scolaire. Donc je ne suis vraiment pas d’accord qu’on soumette les enfants aux cours pendant les vacances. C’est une surcharge inutile.
On peut accepter les jeux vidéo ?
C’est à proscrire. J’ai personnellement eu à écrire un mémoire sur les dangers que représentent les divertissements vidéo. C’est un danger vu qu’on ne maîtrise pas les contours de ces jeux. En plus, c’est à travers ces jeux que les enfants apprennent de mauvaises pratiques. Du genre : comment soustraire les clés de voiture, escalader la clôture sans attirer l’attention, etc. Vraiment, pour de jeunes enfants, c’est à proscrire.
