Exit le Sommet sur la sûreté et la sécurité maritimes, avec ses fastes, son tempo infernal et son ambiance de ruche. Voici venue l’heure du bilan et des leçons, au lendemain d’une rencontre qui avait cristallisé de nombreuses attentes populaires et interrogations sur la volonté réelle des dirigeants du golfe de Guinée
de construire ensemble la sécurité de leur espace vital malgré un mandat ferme des Nations Unies pour s’engager dans cette direction.
Et pourtant, le constat est unanime : la moisson de Yaoundé est abondante. Quel que soit l’angle d’analyse, de l’organisation à la participation, en passant par les résultats obtenus, le Sommet de Yaoundé est un sans faute et une éclatante réussite. De fait, en réalisant une organisation sans faille, avec la logistique et les commodités appropriées, des locaux fonctionnels et seyants, un dispositif d’accueil et de protocole à la fois professionnel et convivial, le Cameroun a engrangé un capital de confiance pour l’avenir. Nul doute que la ville aux sept collines sera encore choisie pour d’autres manifestations internationales d’envergure, après sa récente démonstration d’efficacité.
Quant à la participation, elle est bien plus qu’honorable : 12 chefs d’Etat ont répondu à l’invitation du président de la République, alors que les absents se faisaient représenter et participaient très activement aux travaux. En outre, de nombreux autres pays d’Afrique et du monde ont pris part aux débats en revendiquant un statut d’observateurs. Sans compter les organisations internationales, les ONG, et un impressionnant parterre médiatique et diplomatique.
Mais le meilleur est sans doute ailleurs. Pour la première fois depuis longtemps, nous avons vu nos dirigeants pleinement déterminés, engagés, volontaires, dans la recherche du consensus. Ainsi de l’adoption en un temps record du Code de conduite relatif à la prévention et à la répression des actes de piraterie, et d’un mémorandum d’entente sur la sécurité maritime, assortie d’une instruction d’opérationnalisation immédiate des décisions adoptées.
Que dire du choix porté sur le Cameroun pour abriter le Centre interrégional de Coordination prévu dans le mémorandum d’entente ? C’est un choix de justice. C’est la reconnaissance explicite de la pertinence de la politique camerounaise de sécurisation maritime et même continentale. C’est aussi un hommage au Président Biya par ses pairs, pour le leadership dont il fait montre, en réunissant pour la toute première fois et avec des résultats probants, les deux bras de l’Afrique que tout semblait opposer : l’Ouest et le Centre.
Tout compte fait, les observateurs retiendront de ce sommet inédit tant par l’objet, la qualité des participants et la méthode par laquelle il a été conduit, que l’Afrique peut faire chorus pour prendre des décisions courageuses et efficientes sur des sujets vitaux, si elle le veut. Il est clair que la personnalité du Président Paul Biya, ferme sans être ombrageuse, entraînante sans être étouffante, a largement contribué à arrondir les angles et à favoriser le consensus. Il y a seulement quelques jours, personne n’aurait imaginé en effet voir à la même table les plus hauts dirigeants de la CEDEAO et de la CEEAC, ajoutés à la Commission du golfe de Guinée, pour parler de piraterie maritime, avec la même volonté d’en finir avec ce fléau. Il s’agit tout de même de 25 pays ! On pouvait encore moins imaginer qu’il sortirait de leur conclave des décisions fermes, immédiatement applicables, la période de trois ans accordée avant l’harmonisation totale de l’arsenal juridique nous paraissant être un délai dicté par le simple pragmatisme et parfaitement compréhensible.
L’esprit de Yaoundé a donc véritablement soufflé sur ce sommet. Un esprit nouveau que les peuples aimeraient voir prévaloir plus souvent, fait de détermination, de recherche acharnée de consensus et de résultat, et de beaucoup de compréhension mutuelle. Puissent les vents de Yaoundé continuer à souffler sur cette œuvre collective en gestation, et sur nos dirigeants, au profit de la sécurité et de la prospérité communes.
