Pour le visiteur qui foule son sol pour la première fois, la Corée du Sud est un inlassable sujet d’émerveillement. Sur ce petit bout de terre perdu au milieu d’une immense étendue d’eau, défilent à perte de vue les œuvres gigantesques du génie humain sur la nature, et la technologie triomphante : gratte-ciel, échangeurs et ponts se succèdent dans un rythme effréné traduisant dans la réalité le miracle coréen tant vanté et tant scruté.
A côté de cet épais rideau de tours en verre et béton, quelques bâtiments anciens, des temples protestants, un flot de véhicules – fabriqués en Corée pour la plupart – et des passants pressés, des femmes élégantes aux cheveux teints et soignés, tous habillés à la dernière mode et pianotant compulsivement la fameuse tablette Samsung, sans un regard pour le voisin. Cette Corée-là surprend peu, à la vérité, car elle est à l’image de n’importe quelle grande ville contemporaine, moderne, fébrile et illuminée.
Pour retrouver l’autre Corée, celle où la technologie n’a pas décimé l’âme et l’être authentique, il faut aller loin de Séoul la trépidante cité capitale, jusqu’à une île aux merveilles nommée Jeju, qui vient d’ailleurs d’être déclarée 7e nouvelle merveille du monde. Là, ô miracle, franchies les limites de l’aéroport, le visiteur découvre une ville à visage humain, où la nature règne partout en maître : l’habitat traditionnel aux toits bleu et vert, les élevages de chevaux, les plongeuses, ces femmes du 3e âge qui foncent tête la première dans la mer, sans combinaison de plongée, pour aller pêcher de délicieux fruits de mer, qu’elles vendent aux touristes sur la plage, accompagné de bière locale… Cette Corée-là, plus vraie que nature, est autrement plus captivante.
Ces deux visages de la Corée, 23 responsables de médias provenant de 17 pays d’Asie, d’Europe, d’Amérique centrale, d’Afrique et d’Océanie ont eu la chance de les découvrir, une semaine durant, du 27 mai au 1er juin dernier, à l’invitation de la Korea Foundation, l’organisme public chargé de promouvoir à l’extérieur l’image et la culture sud-coréennes. Ils provenaient des pays suivants : Allemagne, Autriche, Bangladesh, Cameroun, Chine, Costa Rica, Guatemala, Libye, Myanmar (Birmanie), Nicaragua, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Portugal, Serbie, Tanzanie, Qatar. Ce séjour, édifiant en tous points, a conduit les journalistes de Séoul, la capitale, à l’île de Jeju, avec des visites guidées dans certaines institutions-clés : le ministère des Affaires étrangères, la Commission d’arbitrage de la presse, la Korean Broadcasting System (KBS) qui est la télévision de service public et, cerise sur le gâteau, la participation à un forum régional (Jeju Forum for Peace and Prosperity) où, sous la présidence effective du Premier ministre sud-coréen, les hauts responsables politiques des pays d’Asie du Sud-Est, en compagnie de la société civile, échangent leurs vues sur le présent et l’avenir de leur région, les chances et les menaces qui pèsent sur elle, la gestion de la suprématie asiatique sur l’économie mondiale.
Ce séjour, riche en enseignements, a laissé l’impression aux journalistes d’un pays qui avance vers la modernité à grands pas (à titre d’exemple : le PIB par habitant est de plus de 20.000 dollars), partagé entre l’Asie où elle a ses racines et son avenir, et l’Occident, dont elle est une alliée stratégique et dont elle partage les valeurs culturelles et démocratiques. Le visiteur comprend vite que si les domaines d’excellence de la Corée du Sud sont les TIC et l’industrie navale, la double-clé de son miracle économique est l’éducation et le sens très élevé du patriotisme des populations. On en veut pour preuve le leadership de ses fleurons que sont Samsung et Hyundaï. Les familles investissent dans l’éducation aussi bien que l’Etat, et on estime que dans l’ordre des priorités au sein des ménages, l’éducation des enfants vient largement avant l’alimentation. Ce qui ne va pas sans générer stress et tensions dans les familles. C’est ce miracle que nos hôtes ont tenu à nous faire toucher du doigt, par l’entremise de la Korea Foundation dont la mission est essentielle : montrer au monde le dynamisme d’un pays qui, quoique touché par la crise économique mondiale – la croissance économique a chuté à 2,6 % en 2012 – demeure en plein essor.
Aucune surprise donc, si les petits plats ont été mis dans les grands pour les 23 journalistes invités, avec un accueil 5 étoiles. Logement au Ritz Carlton Hotel de Séoul et au Lotte Hotel de Jeju, interprètes personnels, attentions de tous les instants avec une multitude d’hôtesses et de facilitateurs. Oui, l’image et la perception d’un pays, sont aussi à ce prix…
