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Dossier de la Rédaction

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Le devoir de mémoire

Le ministre de la Culture a confirmé devant les députés, vendredi dernier, la volonté de son département de tout mettre en œuvre pour faire inscrire Bimbia sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Situé dans l’arrondissement de Limbe III, département du Fako, région du Sud-Ouest, Bimbia est un ancien port d’esclaves. Il s’agit donc d’une localité-mémoire que le Cameroun veut restaurer, mettre en valeur et faire découvrir de génération en génération par les Camerounais eux-mêmes, les descendants d’esclaves aux Amériques et ailleurs voire par les touristes. L’ arrêté ministériel portant classement de ce site historique au patrimoine national , rendu public le 18 mars 2013, n’est qu’un coup de pioche sur le vaste chantier à mener par une équipe qui, pour l’efficacité et l’efficience attendues, sera sans doute multidisciplinaire , avec la participation des historiens, des archéologues, des architectes, des anthropologues, des communicateurs, des juristes, des tours opérateurs etc.

Cette initiative mérite d’être encouragée. Les voyages organisés, ces dernières années au Cameroun, par Ark Jammers, une association basée aux Etats-Unis d’Amérique, à l’intention des Africains-Américains, ont mis en lumière l’importance que ceux-ci accordent à la recherche et à la découverte de leurs racines. Dans ce contexte, certains ont déjà eu à effectuer le pèlerinage de Bimbia. Ils ont alors exprimé la vive émotion ressentie en croyant y découvrir, là ou à Kribi, leurs origines lointaines.

Comme l’île de Gorée , au large de Dakar, la capitale du Sénégal que vient de visiter le président américain Barack Obama manifestement ému, le port de Bimbia fut le théâtre du commerce inhumain des Noirs. Ils étaient capturés dans les villages et les brousses, vendus en échange de fusils, de tissus ou de bouteilles d’alcool, parqués dans des caves humides et sombres puis entassés, pour les survivants, dans les cales des bateaux des esclavagistes à destination des plantations et des ateliers des Amériques. Ils ne pouvaient plus jamais revenir. Pour évoquer cette tragédie au niveau de l’Afrique noire, certains historiens dans l’ « Histoire générale de l’Afrique » ,notamment,« La traite négrière du XVe au XIXe siècle »(Paris, UNESCO,1979) estiment le nombre d’Africains transportés hors d’Afrique noire vers le Nouveau Monde et d’autres contrées, du Xe au XIXe siècle, entre 15 et 30 millions. Avec le déficit du processus de capture, l’Afrique noire aurait été spoliée d’environ 200 millions d’individus à la force de l’âge et du travail. Nul ne peut effacer ce triste pan de l’histoire humaine.

Aux Amériques, en Europe comme en Afrique noire, le devoir de mémoire contribue à reconnaître et à transcender cette tragédie humaine dont Bimbia a été l’une des scènes de la désolation sur les côtes ouest- africaines. Restaurée, cette localité-mémoire peut devenir un symbole pour les descendants des déportés de jadis mais aussi, comme le disait de Gorée l’ancien directeur général de l’UNESCO Amadou Mahtar-M’Bow en décembre 1980, « pour tous ceux qui entendent puiser dans son histoire les raisons d’une nouvelle solidarité des peuples » . Bimbia peut porter l’empreinte tragique du souvenir mais aussi représenter la force du dépassement du drame.

Au fond, c’est un plaidoyer ardent qui doit donc être mené en faveur de Bimbia pour son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Il est question de sauvegarder, ici comme ailleurs, la mémoire de l’Humanité en marche. Ce fut le cas , faut-il le répéter, pour Gorée. Ce fut le cas sous d’autres cieux et pour d’autres thèmes , pour des monuments prestigieux comme ceux de Nubie en Egypte et au Soudan, ou encore de Venise en Italie. Ce n’est ni l’affaire exclusive d’un Etat, d’un continent ou d’une association. C’est aussi l’affaire des intellectuels, des artistes, des populations du site historique…En somme, c’ est l’affaire de tous ceux qui croient en une Humanité débarrassée de toutes sortes d’esclavage, en la liberté de l’Homme ainsi qu’en l’égalité et la dignité des hommes.

 

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