Le sculpteur a été inhumé samedi à Yabassi en présence du ministre des Arts et de la Culture.
Village Longtoka. L’un des quartiers du chef-lieu du département du Nkam, Yabassi. C’est là que repose depuis ce 13 juillet 2013, et pour l’éternité, Gédéon Mpando. 81 ans après sa naissance là-bas au milieu des siens, le sculpteur y est retourné pour de bon, pour ne faire plus qu’un avec la terre ancestrale. Terre accueillante, qui a boudé l’ondée, en cette ravageuse saison des pluies. Yabassi a ainsi brillé de son soleil le plus radieux pour le dernier au-revoir.
Au-revoir, Maître Gédéon Mpando. Mort le 8 mai 2013, après deux ans de maladie. Autant que ses œuvres, l’artiste appartient à la postérité. Pour preuve, le défunt a reçu ses derniers hommages à la Place des Fêtes de la ville, en présence non seulement de la famille, des résidents, mais aussi des autorités locales et de la République. La nation, en la personne d’Ama Tutu Muna, ministre des Arts et de la Culture, représentant le chef de l’Etat, a tenu à accompagner le principal réalisateur du monument de la Réunification.
« Un créateur d’exception ». « Un patriote convaincu ». Des qualificatifs soulignés dans le message de condoléances du président de la République, lu par le préfet du département du Nkam, Félix Bilounougou. Des termes qui exprimaient l’immense œuvre de l’homme, léguée à l’histoire du Cameroun, et même du monde. En plus du monument de la Réunification, la statue de Charles Atangana, celle des chevaux du bassin au Palais de l’Unité, la mère et de l’enfant à la Cnps, le forgeron au ministère du Travail, le couple portant un bébé à la Communauté urbaine de Yaoundé… des pièces que l’on trouve implantées dans divers coins de la capitale politique du Cameroun.
En plus de Yaoundé, Maître Mpando a marqué Ngaoundéré et Douala de son empreinte. Hors des frontières du pays, Gédéon Mpando était un ambassadeur de l’image de marque du Cameroun. Le siège de la Beac à N’Djamena au Tchad peut en témoigner. Tout comme les Etats qui ont accueilli ses expositions : Madagascar, la Côte d’Ivoire, la France, Les Etats-Unis, la Chine, n’hésitant pas à braver le grand froid pour aller jusqu’en Russie et en Finlande.
Pour tout cela, la patrie a complété le tableau des médailles de Maître Gédéon Mpando. Par les mains du Minac, qui l’a ainsi décoré Commandeur de l’Ordre national de la Valeur à titre posthume. Entre honneurs et témoignages, Pa’ Gideon, comme l’appelaient ses proches, sera salué comme un « immense talent », un « incomparable génie artistique » par la famille de la culture. Comme un père plein de « patience » par ses enfants. Pour les Longtoka, ils « ont perdu un baobab ». Lourd et prestigieux héritage pour lequel sa progéniture devra avoir les épaules larges.
