Jean Pierre Edjoa, délégué régional des Affaires sociales pour le Littoral.

Quelle analyse faites-vous du phénomène ?

C’est un phénomène que nous déplorons et condamnons fermement, qu’il s’agisse de vrais ou de faux sourds-muets. D’ailleurs, nous-mêmes avons été approchés par ces pseudos sourds. Quand nous leur avons fait comprendre qui nous sommes, ils ont pratiquement pris la fuite. Le gouvernement, avec l’appui de ses partenaires, met tout en œuvre pour que les personnes handicapées soient intégrées. Nous leur donnons les possibilités d’apprendre par exemple des petits métiers, et lorsque ces personnes peuvent s’installer à leur propre compte, nous les accompagnons également et leur donnons même la possibilité de travailler. Il y a quelques années par exemple, Mme le ministre des Affaires sociales avait lancé une opération d’emploi pour handicapés. Aujourd’hui, un sourd-muet est le chef de service du courrier du Minas. Donc pour le gouvernement, il s’agit de rendre ces personnes autonomes. Lorsque nous vivons ce genre de chose, nous ne pouvons que condamner. Nous demandons aux populations de Douala d’être vigilantes et de ne pas manquer de signaler quand elles sont approchées de la sorte aux forces de maintien de l’ordre car la mendicité est condamnée par le code pénal. En plus, ce sont des jeunes personnes qui recourent à ces pratiques.

Quelles peuvent être les conséquences de cette pratique ?

Sur la communauté des vrais sourds-muets, cela va créer des résistances dans le processus d’autonomisation et de considération même des sourds. Les populations vont retenir qu’il s’agit de mendiants, que ce soient des vrais ou des faux sourds-muets. Or ce n’est pas vrai. Aujourd’hui, nous avons à tous les niveaux de la société, des sourds qui ont réussi, qui travaillent, vont à l’école. Ensuite, ça crée une résistance au niveau de la solidarité nationale. Le gouvernement est engagé depuis un certain temps à fédérer et créer une synergie autour de tout ce qui concourt à améliorer le bien-être des populations socialement vulnérables, y compris les sourds-muets. On pourrait constater un recul au niveau des structures prêtes à accompagner le gouvernement dans cette tâche. Enfin, il y a cette image très négative qu’on laisse percevoir sur la communauté des sourds et des personnes handicapées en général.

Comment endiguer ce phénomène ?

La lutte contre le phénomène passera notamment par l’intensification du processus d’intégration et d’autonomisation des personnes vulnérables, dont les sourds-muets. Par ailleurs, comme nous l’avons évoqué plus haut, les populations doivent rester vigilantes et signaler ces agissements aux forces de l’ordre.