La rareté des allumettes se ressent aussi dans la capitale économique.
Mardi 30 juillet dernier, au marché Madagascar, la tenancière de la boutique en face du commissariat de police se plaint de ce qu’il ne lui reste qu’une seule boîte d’allumettes à vendre. Au marché Mboppi, c’est plus d’une dizaine de marques d’allumettes qu’on retrouve sur les étals. Problème, « les menagères demandent beaucoup plus les allumettes d’Unalor [Union allumettière équatoriale]. Or elles sont rares », indique un commerçant. En fait, l’approvisionnement du marché par cette société basée à Douala connaît des tensions. Vieille de 49 ans, Unalor ravitaille toute la région Afrique centrale (Cameroun, Congo, Rca, Tchad, Gabon et Guinée équatoriale) pour un marché évalué à 23 800 000 boîtes d’allumettes.
Autre problème, la qualité des buchettes d’allumettes. Celle-ci tient sur le remplissage de la boîte et l’allumage de la buchette. La norme voudrait qu’une boîte contienne entre 35 et 40 buchettes d’allumettes. Et pour s’assurer de la qualité de l’allumage, toutes les allumettes produites par Unalor passent par le laboratoire de cette entreprise où on frotte les 40 buchettes sur une seule ligne de frottement. A en croire Ibrahim Fondjo, responsable commercial à Unalor, « les défauts de qualité constatés sur les allumettes vendues au marché proviennent des produits contrefaits en provenance de l’étranger. Nous combattons cela en mettant [sur pied] des cellules de veille. Nous sensibilisons les consommateurs en segmentant le marché par différentes stratégies. La marque « Footballeur » est par exemple vendue exclusivement au Gabon. « Le Boxeur » sur fond rouge est vendu dans le septentrion camerounais, au Tchad et en République du Congo. Et « Le Boxeur » sur fond vert est vendu dans les régions méridionales du Cameroun. »
De toute évidence, le système des contrebandiers est très subtil pour qu’on retrouve ces allumettes dans les cuisines, malgré le concours des douanes. Cela occasionne ainsi des chutes du chiffre d’affaires d’Unalor. En 2009, il était de l’ordre de 3,9 milliards de F. En 2012, il est passé à 2 milliards de F. Soit une chute de près de 50%.
MESSI BALA
