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Dossier de la Rédaction

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Guy Parfait Songue: « Les jeux ne sont pas faits »

L'analyse du politologue et enseignant-chercheur à l'université de Douala.

Les législatives et les municipales vont mettre en concurrence des dizaines de partis. Mais, face à la machine du Rdpc qui contrôle la quasi-totalité des assemblées politiques publiques, peut-il y avoir match ?

http://cameroon-tribune.cmIl me semble important de préciser de prime abord deux choses : d’un,  la configuration des législatives et municipales est bien différente de celle d’une élection présidentielle, d’un point de vue des jeux, des enjeux, des acteurs et des stratégies, des modalités de construction de l’électorat, de l’adhésion aux idéaux et des outils de mobilisation comme des campagnes électorales. De deux, le Rdpc ne contrôle pas la quasi-totalité des assemblées politiques, c’est une incidence superficielle qui peut s’avérer ponctuelle, car en fait, il jouit prioritairement du fait que bon nombre de personnes qui sont dans l’administration lui sont favorables pour des raisons qui relèvent souvent de calculs froids dont les motivations ne sont pas nécessairement liées à une ambition de faire prospérer le parti et ses idéaux. Cela dit, considérant les facteurs et paramètres qui ont permis l’établissement des listes définitives validées par Elecam, eu égard aux très nombreuses réclamations au sein du Rdpc, nonobstant la complexité des incidences liées aux frustrations enregistrées au sein de ce parti, tenant compte du travail non- négligeable abattu par certains partis politiques dans certaines régions, départements et arrondissements, il faut croire que la prévisibilité habituelle fondée sur une maîtrise supposée par le Rdp du terrain soit inappropriée et peu réaliste.

Dans quelles circonscriptions, le public intéressé par une éventuelle joute, peut-il orienter son attention ?

Dans les circonscriptions où le Rdpc n’a pas d’adversaire du fait d’une absence factuelle de listes de l’opposition, il va gagner naturellement, peu importe le taux de participation. Dans celles où l’opposition a de réelles bases et avec des listes qui ont été acceptées par Elecam, on devrait s’attendre à des résultats serrés ou à des surprises, selon trois possibilités : le cas le plus rare mais certain, dans les localités où les frustrations des militants du Rdpc ont généré un ressenti trop important au point de faire passer un mot d’ordre contre la liste du parti des flammes, on pourrait avoir une fragilisation de l’électorat en faveur des listes des partis d’opposition. Un second cas, serait dans les circonscriptions où le Rdpc a su manager les divergences, et trouver en interne des accords qui permettront malgré tout de garder les rangs serrés. La troisième hypothèse vient du fait que dans certaines localités, plusieurs  partis d’opposition (Sdf, Upc, Udc, Cpp, Add, etc.) soient mieux implantés que le Rdpc  et ainsi puissent gagner loyalement ces circonscriptions législatives ou municipales. Ceci dit, et parce qu’une lecture paramétrique territoriale stricte serait impossible ici, en fonction du niveau d’information que nous avons dans chaque région, départements et arrondissements, l’on peut identifier les cas suivant cette classification. Les jeux ne sont pas faits, il y aura match!

Qu’est-ce qui peut faire l’objet de la confrontation : les personnalités, les idées ou les situations particulières de telle ou telle région ?

L’électeur camerounais ordinaire n’a pas encore atteint le niveau de conscience qui construirait prioritairement ses choix sur la base des idées, car la faiblesse structurelle de sa construction mentale, de ce qu’implique le pouvoir du vote en termes d’incidences et de puissance, est encore un frein à cette démarche. Par conséquent, les personnalités et situations particulières dues à la géopolitique locale, et  le charisme de certains candidats, combinés à la proximité affective avec les citoyens-électeurs et la puissance financière de certains candidats, vont être les paramètres prédominants dans les facteurs qui vont faire peser la balance en la faveur d’une liste ou d’une autre. En outre, l’inadéquation entre certaines listes et la légitimité réelle de certains candidats dans quelques  régions vont aussi être pesantes. Partout où des candidatures, des listes n’ont pas été présentées de façon consensuelle, il pourrait y avoir des retournements de situation spectaculaires. Nous avons observé, par exemple, lors de l’élection sénatoriale, que certains conseillers municipaux du Rdpc avaient voté contre leur parti. Il ne faudrait pas écarter les risques de violence lors de ce scrutin,  car les partis d’opposition  bien implantés, à l’Ouest, au Littoral, au Nord-Ouest, au Sud, ou dans le Grand Nord pourraient lutter bec et ongles, si leurs militants ont l’impression, de quelque manière que ce soit, qu’il y a fraude lors de ce double scrutin.

En quoi la démocratie camerounaise est-elle gagnante dans cette situation ? 

Sur le plan du réel, quels que soient les soubresauts que l’on peut observer tout au long du processus électoral, le bouillonnement que l’on vit autour des périodes électorales au Cameroun, est structurant d’une appropriation graduelle, lente et certaine, par les populations à la base, des enjeux de la participation au jeu démocratique, et de l’implication aux questions de gouvernance politique. Au niveau symbolique, le pluralisme se renforce, malgré les hypocrisies et les manipulations multiformes qui brouillent le jeu, et affectent la construction des bases opérationnelles qui devraient servir à responsabiliser plus les acteurs; sans compter la puissance des micro-entités systémiques claniques, ethniques, politico-ésotériques qui pèsent sur tout le système socio-politique. En ce qui concerne l’idéal que nous nous construisons au Cameroun de la démocratie, il est une réalité que nous, sur le terrain, nous apprécions positivement, c’est l’augmentation lente mais profonde d’une citoyenneté active productive de schèmes nouveaux, et préalable à une refondation responsabilisante des bases sociales et politiques au Cameroun. Notre démocratie grandit, envers et contre tout…


Guy Parfait Songue : «  Il faut croire que la prévisibilité habituelle soit peu réaliste. »

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