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Alain-Roger Edou Mvelle: « Tout est possible au Mali»

Les explications du chercheur en relations internationales et stratégiques, spécialiste des situations post-conflit en Afrique, au sujet du second tour de la présidentielle malienne.

 Quelles leçons peut-on retenir du premier tour de la présidentielle malienne ? 

Trois  leçons majeures. D’abord, le marché politique malien se structure par une offre politique hétéroclite. En ce sens, 27 formations politiques ont pu engranger des scores à géométrie variable, au prorata de leurs capacités non seulement à convaincre sur la perspective future de la rétribution des militantismes, mais aussi à asseoir une stratégie de production des biens symboliques et à fixer les Maliens quant à la croyance en un lendemain meilleur. Ensuite, du macrocosme hétérogène des formations politiques s’est dégagé un duopole, succédané du dauphinat de l’acteur central de la présidence passée. En fait, le premier et le deuxième ont l’expérience de la haute administration. Leurs rangs n’ont pas beaucoup surpris tant leurs candidatures figuraient parmi les plus crédibles. Enfin, le concours des acteurs internationaux, conjugué à l’ingénierie locale, a permis d’avoir un scrutin relativement calme et une participation historique. Quand on prend en compte le contexte sécuritaire et social d’avant-élection, on mesure bien les efforts accomplis par tous les acteurs centraux et périphériques pour le résultat que l’on connaît aujourd’hui.

Quelles sont selon vous les chances des deux candidats en lice pour le second tour ?  

Par arithmétique simple, on pourrait dire que les jeux sont faits. Si le premier enregistre aujourd’hui le soutien d’une vingtaine de candidats malheureux alors que le second en a moins de cinq, la somme des scores du premier tour conforte l’avantage de l’un. Sauf que l’arithmétique politique n’est pas un fleuve tranquille. Sans entrer dans les techniques de sociologie électorale s’agissant de l’explication du vote, tout est possible en l’espèce. Le comportement électoral est fonction des facteurs psychologiques, subjectifs, objectifs…fluctuants d’un tour à un autre. La posture discursive des deux hommes influencera le choix final selon qu’ils sont « présidentiables » ou pas, selon qu’ils rassurent ou inquiètent, rassemblent ou divisent. Tout dépend donc finalement de la mobilisation de la fonction tribunicienne dans la dernière séquence électorale. L’issue du scrutin de ballotage ne saurait en outre faire abstraction des indécis du premier tour.

Et quel pourra être le poids des alliances lors de ce scrutin ?  

Une alliance est un multiplicateur de la puissance du parti politique. Au regard de la configuration actuelle du système des alliances, une asymétrie des forces permet de coefficier la capacité mobilisatrice du RPM par 25 alors que celle de l’URD ne l’est que par 2. Mais restons lucides. Ces alliances sont conjoncturelles et non structurelles. Si elles permettent à l’un ou à l’autre de gagner le scrutin, elles poseront des problèmes dans le système de gouvernement du vainqueur notamment en termes de partage du pouvoir. Je rappelle que les candidats malheureux ont enregistré un score cumulé supérieur à celui d’IBK, à savoir 40% de voix. L’autre difficulté qui minimise le poids de certaines alliances tient à ce qu’un expert avait nommé la « loi d’airain d’oligarchie », à savoir la rupture entre le sommet du parti et sa base. C’est un peu ce qui s’est passé avec Dramane Dembele qui s’est désolidarisé des appareils de l’Adema en apportant son soutien à IBK, toutes choses de nature à créer une confusion au niveau de la base du parti et du choix des militants qui pèsent pour 9,6%. 

Cette élection peut-elle accélérer le processus de normalisation du Mali ?

Il faut savoir qu’il s’agissait d’une élection de sortie de crise. Les institutions nationales, les acteurs nationaux, les observateurs internationaux, la société civile ont chacun un rôle à jouer pendant et après le deuxième tour. En effet, le processus de normalisation du pays peut être accéléré à condition que le fair-play s’inscrive dans les engagements des deux candidats. L’acceptation du verdict final est un élément déterminant. Cela suppose évidemment que l’organisateur principal de l’élection corrige les imperfections du premier tour et s’abstienne de raviver la polémique en publiant par exemple les tendances. Mais, l’élection de sortie de crise peut produire l’effet inverse si la violence politique (physique et verbale), les irrégularités et l’irresponsabilité prennent le pas sur les exigences précédentes. Cette élection doit être envisagée comme le début et non la fin d’un cycle du temps politique malien. 


Edou Mvelle : « L’issue du scrutin ne saurait faire abstraction des indécis du premier tour. » 



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