“ National Cacao Academy”. Voilà un nom appelé à devenir familier dans l’univers de la formation en agriculture. Si, tout au moins, cette école démarre effectivement ses enseignements dès la rentrée académique prochaine,
ainsi que le promet Essimi Menye, ministre de l’Agriculture et du Développement rural. Logée dans les installations de l’Ecole technique d’agriculture de Nkoemvone, dans la périphérie d’Ebolowa, la future institution formera des cadres du supérieur (bac + 2), tout en organisant, par ailleurs, des sessions courtes de mise à niveau, sur la base d’un recrutement aux conditions beaucoup plus souples. Bien plus que la transformation de fèves de cacao, voire de coques, sur laquelle la formation des cadres supérieurs mettra l’accent, il s’agira également de mettre sur le terrain des professionnels pour toute l’activité primaire de production de l’or brun, de la pépinière au séchage de fèves. Voilà un programme dont l’annonce ne pouvait ne pas imprimer une marque distinctive, vendredi dernier à Ambam, dans la région du Sud, aux cérémonies de lancement par le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, de la campagne cacaoyère 2013-2014.
La National Cacao Academy arrive dans le paysage agricole dans le cadre de l’agriculture de seconde génération lancée par le président Paul Biya, en janvier 2011 au Comice agropastoral d’Ebolowa. Et ce n’est pas un fait du hasard qu’elle survienne au moment où la culture du cacao reprend du tonus. Avec une production sans cesse croissante, évaluée à 228 941 tonnes en 2012-2013. Un chiffre auquel le gouvernement vise à faire passer la barre de 600 000 tonnes à l’horizon 2020. Malheureusement, l’augmentation du tonnage s’est parfois conjuguée avec la baisse de la qualité du produit. C’est ainsi que l’on a appris, au début de cette année, que 2000 tonnes de cacao avaient été refoulées aux ports de l’Union européenne, parce que dégageant des odeurs de fumée. Au moment même où étaient mis à l’index le séchage des fèves sur le goudron et d’autres mauvaises pratiques. Ce sont autant de revers imputables aux avatars de la libéralisation du secteur dans les années 90, traduite par un relâchement de l’encadrement des planteurs et l’ouverture de la commercialisation à des amateurs peu préparés et avides de bénéfices.
L’embellie des cours, au début des années 2000, ayant fait plafonner les prix à l’achat aux producteurs, autour de mille Fcfa le Kg, a suscité un regain d’intérêt aussi bien chez ces derniers que par l’Etat. Sans pour autant que la qualité revienne à ce qu’elle fut dans les années 70, celles de l’âge d’or du label Cameroun. La National Cacao Academy aura à relever ce défi. La formation des planteurs sur la création et l’entretien des pépinières, la régulation de l’ombrage, l’utilisation de nouveaux intrants, à l’instar des engrais ou des herbicides, les techniques de séchage, serait gage d’une meilleure productivité des vergers et d’une amélioration de la qualité des fèves. De la même manière que la transformation donnera une plus-value du produit et permettra la création d’emplois. Pour l’heure, seuls 30 000 tonnes sont annuellement transformées par la Sic cacao à Douala, même si on annonce l’arrivée d’autres usiniers dans ce secteur, des Marocains notamment, avec en perspective, un doublement de la quantité transformée.
Il est heureux d’apprendre du ministre Essimi Menye que la création de cadres supérieurs dans l’agriculture ne se limitera pas au cacao, mais qu’elle est vouée à s’étendre à d’autres cultures comme le bananier, le palmier à huile et le caféier. Il serait d’ailleurs judicieux d’aller au-delà. Car pour donner la pleine mesure de ses capacités, l’agriculture de seconde génération aura besoin de professionnels bien formés que d’autres pays, qui nous ont précédés dans cette voie, ont forgé dans une foultitude de lycées agricoles. Pourquoi ne pas s’en inspirer ?
