Le chef-lieu du Nord-Kivu à nouveau  au cœur de combat entre l’armée et le M23.

Après un répit de quelques semaines, la situation est à nouveau tendue à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Depuis le week-end dernier, l’armée congolaise affronte le mouvement rebelle M23 à proximité des villages de Mutaho et Kibati , situés à une vingtaine de kilomètres de Goma, préfecture de la province du Nord-Kivu. Une région en proie à une instabilité chronique depuis deux décennies. D’après des témoignages recueillis sur place,  les affrontements sont d’une rare violence; ce qui a obligé de nombreux habitants à quitter la ville. Hier dimanche, le ministère britannique des Affaires étrangères a aussi demandé  à son personnel basé dans cette ville de la quitter urgemment.

En effet, depuis jeudi, sans qu’on sache comment et pourquoi, les deux adversaires ont déterré la hache de guerre. Au premier jour des affrontements, des tirs d'artillerie ont touché  les quartiers périphériques de Goma, ainsi qu'un village proche, causant la mort de quatre personnes et blessant une dizaine d’autres. Deux jours plus tard, samedi, de nouveaux bombardements ont frappé des faubourgs de Goma, laissant cette fois-ci deux morts sur le carreau. Quatre Casques bleus ont aussi été blessés et depuis lors, une vive tension règne dans la ville. A mettre sur le compte de cette tension, un regrettable incident ayant opposé des manifestants aux Casques Bleus.

Selon un témoin, des manifestants tentaient de pénétrer dans un camp situé en bordure de l'aéroport où sont installés les soldats uruguayens de la Monusco ; c’était pour leur signifier leur mécontentement : ils estiment que la Monusco ne fait pas grand-chose pour les défendre face aux attaques du M23. Débordé par la foule, le détachement uruguayen a tiré pour la disperser. Il y a eu au moins deux morts parmi ces manifestants. La Monusco, la plus importante force de paix onusienne, avec plus de 19.000 Casques bleus, éprouve d’énormes difficultés pour mettre hors d’état de nuire le M 23, un groupe de rebelles créé en 2012 par des Tutsis, l'ethnie au pouvoir au Rwanda, pays frontalier du Nord-Kivu. Kinshasa et l'ONU ont accusé le Rwanda de soutenir la rébellion, ce que Kigali a toujours démenti.

Cependant, la riposte anti-M23 s’organise. Signe d’une nouvelle mobilisation régionale, l’Angola, la RD-Congo et l’Afrique du Sud ont signé vendredi un accord de coopération militaire devant permettre la formation des forces de sécurité congolaises. La décision a été prise à l’issue d’un rencontre réunissant les trois chefs d’État, l’Angolais José Eduardo dos Santos, le Sud-Africain Jacob Zuma et le Congolais Joseph Kabila.

La population de Goma est sortie hier manifester contre l’inefficacité de la MONUSCO.