Présentation du « cécifoot » qui cherche ses marques au Cameroun. Ils n’arrêtent pas de crier. Bandeaux sur les yeux sur un terrain de football délimité par des barrières, huit joueurs courent derrière un ballon.
On se croirait dans une partie de cache-cache. D’ailleurs, les curieux aux regards médusés présents ce 24 août 2013 au terrain du lycée d’Anguissa n’arrêtent pas de s’interroger. Des commentaires fusent. On veut comprendre. Comprendre comment des aveugles peuvent jouer au football. Et le bruit produit par le ballon donne un début de réponse à certains. L’on apprendra que le son émis par le ballon provient de petites billes métalliques intégrées lors de la fabrication de ce matériel. « C’est une forme d’alerte sensorielle qui permet aux protagonistes de savoir où le ballon se trouve », explique Norbert Tsoungui, président de la Fédération camerounaise des sports pour déficients visuels. Le terrain est délimité par un cloisonnement à base de matière visiblement moelleuse. Des habitués laissent savoir que cela permet de maintenir le ballon en jeu et sert de repère aux athlètes.
Curiosité dans les goals, le gardien n’arbore pas de voile sur les yeux. « C’est le seul joueur habilité à être voyant ou mal voyant. Il ne met pas de visière », ajoute notre source. Pour les règles, il est clairement interdit aux « acteurs de toucher à l’assemblage présent sur leurs yeux sous peine de carton jaune ou rouge. Tout joueur convoitant le ballon est tenu d'en avertir son porteur par un signal vocal avant chaque duel ». Pendant la durée de la rencontre (40 minutes pour ce cas), un guide, posté derrière les goals adverses est chargé d’orienter les attaquants de son équipe en leur indiquant leur position. On les a entendus, par exemple, orienter les buts ou l’angle de tir à privilégier.
Parce qu’il faut bien des aménagements et règles spéciaux pour pouvoir pratiquer le « cécifoot », qui comme son nom l’indique, est tout simplement du football pour déficients visuels. Et pour montrer que cette discipline va au-delà de la curiosité parfois malsaine, la Fédération camerounaise des Sports pour déficients visuels, créée en 2011, vient d’organiser un tournoi au lycée d’Anguissa. Tournoi qui a réuni quatre équipes : Promhandicam et Louis Braille de Yaoundé, Acfisa de Douala et Cispam de Bafoussam. Et tout s’est joué dans la région du Centre puisque Promhandicam (Promotion des Handicapés du Cameroun) s’est imposé devant Louis Braille (1-0). Si la fédération fait face à un problème d’équipements, la discipline connaît déjà des champions. Yvan Wouandji, Camerounais naturalisé Français, est vice-champion du monde avec les Bleus du Cécifoot. Récemment de passage au pays, il a partagé son expérience avec d’autres pratiquants alors que le Cameroun rêve déjà d’une participation aux prochains Jeux paralympiques.
