La dédicace du dernier ouvrage du Pr. Mouelle Kombi a donné lieu à des échanges parfois vifs jeudi dernier.
« La démocratie dans la réalité camerounaise : Libertés, légitimité et modernité politique sous Paul Biya », dernier ouvrage du Pr. Narcisse Mouelle Kombi, était en dédicace jeudi dernier à l’hôtel Sawa de Douala. En dédicace, mais aussi et surtout en débats. Autant le relever tout de suite, l’essai n’a pas suscité que des réactions tendres. Mais l’auteur, bien au fait de la réputation de frondeuse que Douala s’est taillée depuis des années, devait s’y attendre un peu… Difficile de dire si un livre, saluant l’action de Paul Biya en matière de promotion des libertés et de la démocratie, allait y être accueilli plutôt à bras ouverts qu’à poings fermés.
L’ouvrage soutient que la démocratie au Cameroun a constamment progressé depuis l’avènement du Renouveau ? Anicet Ekanè, du Manidem, y voit, lui, un « torrent de salamalecs », estimant que c’est l’interaction des différents acteurs politiques qui est « le fondement de l’histoire ». Denis Onambele, intervenant qui s’est présenté comme expert-comptable, a voulu savoir s’il n’y avait rien de bon dans l’ancien régime. Dans la foulée, le sénateur Pierre Flambeau Ngayap a demandé à l’auteur si, selon lui, il y avait des insuffisances dans la construction politique de Paul Biya…
A Anicet Ekanè, le Pr. Mouelle Kombi dira que le fait qu’il s’exprime de la sorte, avec cette liberté de ton, est bien la preuve qu’un vent de libéralisation a soufflé sur le Cameroun – le temps des lois d’exception est révolu. Réponse au deuxième intervenant : le promoteur du Renouveau n’a pas fait table rase du passé, mais a « gommé les aspérités, les tendances liberticides » de l’ordre ancien, tout en intégrant « les éléments positifs de cet ordre », par exemple en prolongeant l’unité nationale. Au sénateur Ngayap, curieux de savoir si l’auteur avait trouvé des insuffisances dans la construction politique de Paul Biya, Mouelle Kombi répondra : « Ce n’était pas notre rôle », avant d’ajouter que c’est à l’opposition de trouver des failles…
D’autres questions auront contribué à pimenter les échanges : l’universitaire politiquement engagé peut-il tenir un discours objectif ? Garde-t-il toute sa crédibilité ? Se basant sur l’ouvrage dédicacé jeudi, le Pr. Léopold Donfack Sokeng répond « oui ». Pour le doyen de la Faculté de Sciences juridiques et politiques de l’université de Douala, il s’agit d’un essai scientifique, d’un travail « académiquement soutenable », qui, par ailleurs, « se déguste facilement ». Le Pr. Dieudonné Oyono, recteur de l’université de Douala, ne dira pas autre chose, réjoui de la sortie d’un livre qui permet « d’enrichir le débat ».
