Le présentateur de la « Danse des mots » sur Rfi est au Cameroun pour une série d’émissions sur ce langage urbain.
Quand il s’agit de langue et d’usage des mots, Yvan Amar n’hésite pas. Quitte à s’imposer bourlingueur. Le journaliste de Radio France internationale a fait une escale au Cameroun depuis le 29 septembre. Son flair de linguiste le conduit à Yaoundé et Douala pour s’intéresser au « Camfranglais » ou « Francamglais », bref, à ce langage spontané utilisé par les jeunes des deux villes. Mardi dernier, le journaliste a dégotté au passage les rappeurs de « Zone à risque », groupe camerounais qui a fait de cette nouvelle forme d’expression, une identité. Et c’est à l’Institut français du Cameroun, antenne de Yaoundé qu’il a enregistré, dans les conditions d’un direct, son émission dans une salle à entrée libre. Ceci après un entretien de quelques minutes avec les journalistes de la presse locale auxquels il a confié être « ravi d’être au Cameroun et ravi d’être accueilli avec une telle chaleur.»
A 16h, dans la salle de spectacle de l’Ifc, Yvan Amar introduit la « Danse des mots » avec, en plus des rappeurs, Stéphane Akoa, auteur d’un glossaire du « camfranglais » comme invité. En 25 minutes, Yvan Amar et ses invités se sont penchés sur les « camerounismes » de la langue. Moment idoine pour les deux rappeurs de « Zone à risque » de se faire entendre. Le premier, Brice Mbida, débite des phrases quasi-indéchiffrables pour les non-initiés : « Je smoke dans ma cam, la porte est lock, je begin à lap, je rejoins les pops dans les kankantok, les ré-pé veulent me hanbock. Hein-père.» Et à Yvan Amar de rebondir avec humour : « Ça demande presque des sous-titrages ! » Pour savoir ce que révèlent ces emprunts linguistiques, Stéphane Akoa a énoncé leurs fondements : « C’est une sorte de langage crypté, une manière de personnaliser un discours qui reflète l’émotion d’un instant. Il n’est plus seulement le plaisir de mélanger les mots comme le faisaient les élèves au début, mais il a une portée revendicative en mettant l’accent sur les disparités entre fortunés et démunis.»