Le pape, combien de divisions ?  La boutade est attribuée  à Staline,  dirigeant  de l’ex-Union soviétique à l’époque de la guerre froide.  Bien sûr, le chef de l’Etat de la Cité du Vatican ne lève pas des armées de fantassins ni ne possède des armes nucléaires ou de destruction massive. Cependant, son autorité morale et spirituelle est incontestablement reconnue par tous et partout à travers le monde. Le Saint Siège exerce une diplomatie d’influence aussi bien au plan bilatéral qu’au plan multilatéral, d’autant plus que son autorité ne repose pas sur la force physique. L’Eglise catholique romaine est  plus ou moins  présente  dans tous les pays. Le Vatican entretient des relations diplomatiques avec plus de 180 Etats sur les 192  actuels. 83 pays ont fait accréditer des ambassadeurs auprès du Saint Siège. Le Saint-Père est l’une des personnalités les plus écoutées et les plus consultées au monde. Selon le directeur  de  radio Vatican,  le père Federico Lombardi, depuis son élection en mars dernier, le pape François a déjà reçu la visite de 37 chefs d’Etat dont quatre Africains. Le chef de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, est venu la semaine dernière lui parler de sa cause et l’inviter à visiter la Terre sainte. Ce témoignage souligne, au-delà de l’aspect strictement religieux, l’importance et l’influence reconnue  au pape.

En effectuant une visite officielle au Vatican le vendredi 18 octobre 2013, le président Paul Biya a répondu à l’invitation à lui adressée en son temps par Benoit XVI et dont la date prévue en fin février dernier fut différée après la démission du pape émérite. L’invitration avait ensuite réitéré par le pape François. Dans la continuité, le président de la République et le pape François ont saisi l’occasion de leurs premiers échanges directs pour faire le tour d’horizon, non seulement des relations bilatérales,  excellentes, entre le Cameroun et le Vatican, mais aussi des problèmes cruciaux qui entravent le développement humain en Afrique et dans le monde.  Au plan bilatéral, l’annonce de la signature prochaine d’un accord-cadre sur le statut juridique de l’Eglise catholique au Cameroun est particulièrement appréciée. Selon Mgr Cornelius Esuah Fontem, archevêque de Bamenda, actuellement en session du conseil permanent du synode des évêques à Rome, reçu par le vice-Premier ministre Amadou Ali au nom du chef de l’Etat, cet accord, le premier du genre, est particulièrement attendu. Il contribuera à densifier et à préserver  davantage l’action sociale de l’Eglise catholique au Cameroun.

Le pape François a eu l’occasion d’écouter attentivement le plaidoyer du président Paul Biya, homme d’Etat de longue expérience dont la sagesse est reconnue par ses pairs, pour la paix notamment en Afrique, particulièrement en Afrique centrale, la lutte contre la pauvreté et les exclusions. Ce plaidoyer pour un monde de paix, plus humain  pour tous  parce que plus solidaire, est une constante  de Paul Biya exprimée  à travers toutes les tribunes et toutes les circonstances.  Il est partagé par l’une des plus hautes autorités morales de notre monde, car l’Eglise n’a de cesse d’œuvrer pour la paix, la justice et la solidarité pour tous les pays et tous les hommes. C’est un message intangible et profond dont les guerres, les injustices, les volontés d’exploitation et de domination ne doivent pas décourager la diffusion et la difficile  mise en œuvre sous le fallacieux prétexte  qu’il serait un vœu pieux dans un monde où prime insidieusement la raison du plus fort.

L’accueil enthousiaste et chaleureux de la communauté camerounaise en Italie réservé au  président de la République et à Mme Chantal Biya est aussi un aspect important du succès de la visite officielle du  chef de l’Etat au Vatican.  Cette communauté, composée selon son président l’abbé Thierry Madola, de sept grands groupes dont cinq culturels et deux socioprofessionnels, a manifesté par des danses traditionnelles, ses youyous etc, sa joie d’accueillir à  l’hôtel de résidence  le couple  présidentiel. En phase avec eux, le président de la République et son épouse le  leur ont rendu par des bains de foule. Leurs représentants ont  d’ailleurs été reçus au nom du chef de l’Etat par le vice-Premier ministre, Amadou Ali et le ministre des  Relations extérieures,  Pierre Moukoko Mbonjo.