Dr Mamadou Lamine Bah, président du Conseil africain de la météorologie, Organisation mondiale de la météorologie.

Les météorologues sont fortement représentés à cette troisième Conférence annuelle sur le changement climatique et le développement en Afrique. Quelles sont les grandes lignes que vous défendez ?

Comme vous le savez, la communauté internationale est actuellement préoccupée par le changement climatique. Et il a été démontré que l’Afrique est le continent qui y est le plus vulnérable. Il faut donc prendre les dispositions le plus rapidement possible pour ne pas que nos populations en soient davantage victimes. Malheureusement, comme vous l’avez suivi ici, malgré que nous polluions à seulement 2%, c’est l’Afrique qui récolte les conséquences les plus dramatiques, caractérisées par des catastrophes naturelles, inondations, épidémies, sécheresse, sans parler des tempêtes de poussière qui viennent du Nord. Il est donc urgentissime de prendre des dispositions pour contrer le fléau. Il y a quatre jours, la toute première conférence africaine sur le climat a regroupé environ 300 scientifiques, qui se sont penché sur les impacts négatifs du changements climatiques et les méthodes d’adaptation. Nous nous retrouvons donc maintenant à Addis-Abeba pour discuter de la politique qu’il faut envisager pour que l’Afrique, de manière concertée et unie, avec les autres partenaires, puisse trouver les voies les plus rapides pour juguler ce fléau. Parce que si l’on n’investi pas maintenant, il sera trop tard. Dans un mois, la Conférence des Parties va se tenir à Varsovie. Il faut donc que les négociateurs africains soient mieux armés, car il y a de gros enjeux. Depuis Durban, en passant par Stockholm, on n’est pas encore parvenu à trouver des accords pour atténuer les impacts négatifs de la pollution.

Tout le continent souffre des effets néfastes du changement climatique. Qu’est-ce qui fait donc que l’Afrique ne parle pas d’une même voix sur le sujet ?

Je crois que l’on est en train de dépasser cette situation. Les ministres africains en charge de l’environnement se sont retrouvés de ce fait au Botswana récemment, pour pouvoir trouver une voie commune permettant de prendre des engagements afin d’avancer. C’est clair que toute l’Afrique subit les conséquences des changements climatiques, mais les uns et les autres ne s’entendent pas sur les moyens de les résorber. Grâce à certains programmes de la Banque africaine de développement, les uns et les autres se rendent maintenant compte que l’on ne peut plus tergiverser. Il y a donc des rencontres des politiques qui se multiplient pour aider les Africains à parler d’une même voix.

Autre sujet abordé à cette conférence : l’économie verte. Quelles offres pour les populations autochtones, notamment celles du bassin du Congo, qui paient le prix fort de l’essor de l’économie verte ?

On a constaté, avec l’industrialisation, que l’Afrique dispose d’énormes ressources naturelles qui sont malheureusement exploitées pour l’exportation. Maintenant, les populations qui vivent à 80% de l’agriculture souffrent entre autres de la pluviométrie. Conséquences, de nombreuses victimes dont les jeunes s’engagent dans l’immigration clandestine. Il est donc question d’investir pour augmenter la productivité et développer les zones concernées, tout en protégeant leur environnement. La région dont vous parlez est considérée comme l’un des poumons du monde. Il est crucial de la maintenir en l’état, tout en aidant ses populations à sortir de la pauvreté et du sous-développement. Seuls des investissements et actions de développement appropriées permettront de maintenir les populations sur place, sans dégrader l’environnement. Il faut trouver le juste équilibre.

-Dr Mamadou Lamine Bah : « On n’est pas encore parvenu à trouver des accords ».