La libération des otages français enlevés, il y a trois ans au Niger, a révélé des connexions que les services nigériens et français n’ignorent pas et confortent le Sahel dans sa position de zone instable. Autant, il convient de se réjouir de ce dénouement heureux, autant les mesures prises pour faire face au terrorisme suscitent parfois des réactions imprévisibles dans ce vaste territoire aride qui s’étend de l’ouest vers l’est dans la savane africaine et qui englobe des portions de territoires nigérien, malien, mauritanien, soudanais, algérien, libyen, guinéen et tchadien.
Le coup d’arrêt porté à l’offensive jihadiste au nord du Mali a certes amoindri les capacités de mobilisation des bandes armées qui s’organisent dans la région depuis le début des années 2000 sur fond de trafics divers, des migrations et d’insécurité croissante. Mais il ne les a pas anéanties. La transformation du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (G.S.P.C.) en Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), la plus redoutée des filiales d’Al Qaïda en Afrique, le 25 janvier 2007 et la chute régime libyen en octobre 2011 avaient renforcé les liens des bandes armées qui sont d’autant plus soudées qu’elles appartiennent généralement aux mêmes groupes tribaux parmi lesquels les Touaregs. L’enlèvement et la libération des otages s’inscrit dès lors dans un cercle vicieux. Ce cercle est si vicieux qu’il faut nécessairement renforcer la coopération internationale pour espérer le démanteler.
Il faut également penser au développement de ce sahel qui regorge d’énormes réserves minières stratégiques, notamment de gaz, de pétrole, d’uranium, d’or et de bauxite et de phosphates qui attisent des convoitises. Malheureusement, cette option prendra du temps pour se matérialiser parce que les bailleurs de fonds, attirés par les richesses du Sahel, se préoccupent moins du développement de cette région que de la rentabilité de leurs investissements. Or, le lancement des projets de développement au Sahel, à côté des grandes usines extraverties, profitera aux pays et aux populations sahéliennes tout en diminuant la pauvreté et l’insécurité. Il changera aussi la perception du Sahel.