Ouf ! Le championnat « professionnel » MTN Elite One s’achève dimanche prochain, avec des scénarios en trompe-l’œil. Le duel à distance pour le titre, entre Coton Sport et Les Astres de Douala, tout comme la bataille du bas de classement promettent peut-être des étincelles, en raison de l’enjeu. Mais ils se joueront probablement devant une petite poignée de spectateurs. Comme on l’a vu tout au long de cette compétition qui a connu de multiples soubresauts. Trèves interminables, « grèves » de dirigeants de clubs, batailles et résistances vis-à-vis du cahier de charges du professionnalisme… C’est tout cela qui explique ce soulagement à quelques heures du dénouement.
Pour sa deuxième année, le championnat professionnel a fini par se tenir. Est-ce un mérite ? Absolument pas. Tous ces bégaiements et ces improvisations ont fini par vider la compétition du peu d’intérêt qu’elle avait engrangé au terme de la première saison dite professionnelle. Cela dit, ne faisons pas trop la fine bouche. Dimanche soir, nous aurons notre champion, les qualifiés pour les coupes africaines des clubs. Et bien sûr les noms des condamnés à la relégation. C’est la moindre des choses. L’essentiel, diraient certains. Mais comme on a l’habitude de se demander communément chez nous, la saison prochaine, on fait comment ?
Le championnat 2012-2013 s’achève en effet sur un certain nombre d’incertitudes. La moindre n’est pas la question du financement futur. MTN Cameroun sponsor principal de la Ligue de football professionnel du Cameroun a décidé de mettre fin au contrat en raison de l’amateurisme ambiant et donc, de l’absence de visibilité. 7 milliards de F investis en une douzaine d’années, pour voir les stades toujours vides, le spectacle toujours aussi affligeant, les joueurs toujours aussi moyens, le Cameroun toujours aussi mal coté à la bourse du football africain des clubs. L’entreprise ne trouvait pas son compte et elle a décidé d’arrêter ces dépenses à la limite inutiles.
Ce retrait est plutôt inquiétant. Parce que, ces dernières années, c’est bien ce sponsor qui servait aux clubs leur véritable oxygène. Le financement débloqué chaque année était une sorte de perfusion qui maintenait les équipes debout et leur permettait de lancer leur saison. A côté de la subvention de l’Etat pour les années inaugurales du championnat professionnel, MTN s’est révélé d’un apport salvateur, fournissant argent, équipements et autres infrastructures. Car, on le sait, les dirigeants ont préféré s’accrocher à ces deux sources de financement comme s’il s’agissait d’un droit inaliénable, plutôt que de prospecter pour sécuriser leurs clubs grâce à des financements durables. On a beau leur rappeler que la subvention de l’Etat n’était pas un contrat à perpétuité, rien n’y a fait. Ils ont désormais l’intersaison pour réfléchir et surtout trouver les moyens de vie pour le prochain championnat. Comme ils le savent, il n’y aura plus d’argent déloqué par MTN. Comme ils le savent, la subvention de l’Etat devrait elle aussi être arrêtée. Le sursaut est donc impératif dans les clubs invités à se muer en sociétés commerciales. Ceux qui résistaient hier vont peut-être enfin comprendre le bien-fondé de cette option. A moins qu’ils ne s’entendent pour descendre dans la rue et demander le retour au championnat amateur. Entre nous, on ne voit pas ce que ça changerait. Sauf si dans cette formule-là, o, joue avec des bénévoles, un camp torse nu, l’autre habillé comme il peut, comme au « 2-0 ». Vivement la saison prochaine !
