L’importance que le Cameroun accorde à la sûreté et à la sécurité maritimes dans le golfe de Guinée, zone où notre pays occupe une position stratégique, est une fois de plus mise en exergue. Le président de la République a signé le 31 octobre dernier un décret portant création, organisation et fonctionnement du Comité national de suivi de la mise en œuvre des décisions du récent sommet sur la sûreté et la sécurité dans le golfe de Guinée. Tenue à Yaoundé du 24 au 25 juin 2013, cette rencontre a regroupé les chefs d’Etat et de gouvernement ou les représentants des pays membres de la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale), de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et de la CGG (Commission du golfe de Guinée). Intervenant quatre mois environ après le sommet de Yaoundé, la création du Comité s’inscrit dans la perspective de l’implémentation et du suivi des engagements annoncés à l’issue des assises. Les tâches du Comité interministériel, placé sous l’autorité du ministre délégué à la présidence chargé de la défense, sont répertoriées dans ce cadre. Il s’agit, notamment, de définir une stratégie de mise en œuvre effective des décisions du sommet de Yaoundé ; de préparer les contributions du Cameroun relatives à la mise sur pied du Centre Interrégional de Coordination dont notre pays a été choisi pour abriter le siège ; d’élaborer des propositions concrètes en vue de la prise en compte des engagements des vingt-cinq pays membres.
La déclaration de Yaoundé engage les pays-membres sur des points précis constituant une feuille de route assortie d’un chronogramme. Il est question de procéder à la collecte et à l’échange d’information entre les Etats, avec les mécanismes régionaux de coordination et l’appui des partenaires stratégiques ; de renforcer les capacités des responsables de l’application de la loi dans le domaine de la sûreté et de la sécurité maritimes ; d’accroître la sensibilisation au domaine maritime ; d’élaborer et de mettre en œuvre des législations nationales pertinentes ; d’élaborer des politiques nationales de lutte contre la piraterie, les vols à main armée et les autres activités illicites commis en mer ; de mettre en place des structures nationales de coordination de l’action de l’Etat en mer, investies de pouvoirs suffisants pour remplir leurs missions ; de prévoir des mécanismes nationaux de financement des politiques de lutte contre la piraterie, les vols à main armée et les autres activités illicites commis en mer ; d’organiser l’acquisition et la maintenance des principaux équipements adéquats dans les espaces maritimes respectifs. Dans la perspective de la conjugaison de leurs efforts de lutte contre la piraterie maritime et autres actes illicites en mer, les chefs d’Etat ont adopté un code de conduite, souple pendant trois ans, , mais dont la signature de l’accord s’imposera à tous les pays concernés après ces trois années.
La création du Comité prend d’autant plus de relief que pour le Cameroun et l’ensemble des autres pays concernés, le cours des évènements impose l’urgence de réfléchir vite et d’agir avec efficacité. Les actes de piraterie et de trafic maritimes dans le golfe de Guinée n’ont pas cessé après le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de juin dernier à Yaoundé. Au contraire ! Un bateau battant pavillon maltais, dénommé « Cotton », dont les soutes étaient pleines de carburant, a été attaqué par des pirates au large du Gabon dans la nuit du 14 au 15 juillet 2013. Depuis le début de l’année en cours, le bureau maritime international a déjà dénombré plus de vingt actes de piraterie dans le golfe de Guinée. Cette insécurité est d’autant plus croissante que les richesses de cette zone attirent davantage les pirates et les trafiquants de tous ordres qui y opèrent encore sans gros risques. Pour mener une lutte efficace contre le brigandage maritime, seule la mise en œuvre de la stratégie commune aux vingt-cinq pays concernés sera concluante et payante. Avec la création du Comité, le Cameroun continue résolument d’œuvrer dans cette voie.