On savait que ces pays-là traversaient une crise assez grave, mais on ne connaissait pas la profondeur du mal. Survenue à la fin de la semaine dernière, une série de publications rendues publiques simultanément par l’ONG Caritas et la fondation espagnole FOESSA sont
venues nous édifier sur la véritable situation de la péninsule ibérique. Et dire que chaque année des milliers de jeunes Africains continuent à braver la mort pour tenter de passer par les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla espérant trouver le bonheur dans ces pays-là. Cette émigration là, on la connaît avec tous ses drames, puisque médiatisés à souhait.
Mais il y a l’autre émigration, celle dont personne ne parle et qui va de l’Europe vers l’Afrique, voire l’Amérique latine. Celle-là, elle existe aussi, bien que marginale, puisqu’elle ne concerne encore que les deux pays de la péninsule ibérique, le Portugal et l’Espagne. Mais personne n’en parle. A en croire le quotidien portugais Diário de Notícias citant Caritas , le Portugal se vide lentement, mais sûrement de sa population.
Quelques chiffres : 121 418 personnes se sont expatriées en 2012. Il faut remonter à…1966 sous Antonio de Oliveira Salazar pour retrouver un chiffre pareil d’émigrants portugais : 120 239. Et où vont-ils ? Dans les pays voisins, mais aussi en Afrique, notamment en Angola. L'ancienne colonie jouit d'un véritable boom économique qui, ces dernières années, attire l’ancien colonisateur. La situation n’est pas très différente pour le voisin espagnol.
Pays d'accueil pendant les années fastes, l'Espagne perd désormais des milliers d’habitants. Le pays attire moins les étrangers, qui peinent à occuper un emploi, et de jeunes diplômés partent tenter leur chance en Allemagne, en France ou en Grande-Bretagne, mais aussi en Amérique latine. Caritas affirme, chiffres à l’appui, qu’un Espagnol sur cinq vit sous le seuil de la pauvreté.
Voilà des chiffres édifiants qui prouvent qu’une société profondément différente se met progressivement en place. Il faut donc savoir raison garder.
