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Dossier de la Rédaction

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Rigueur et moralisation, plus qu’une philosophie, une bataille

L’un des piliers du Renouveau est resté le défi permanent au cours de ces 31 années.


Rigueur. Le mot est lâché dès les premières minutes de Paul Biya au pouvoir. Précisément ce samedi 06 novembre 1982. Pour son discours inaugural, l’homme qui vient alors de prêter serment comme deuxième président de la République donne une première indication de ce qui sera l’un des piliers de sa politique : «  La grande et longue œuvre de construction nationale (…) est une œuvre de tous et pour tous. Elle doit demeurer telle. Elle implique, dans les temps durs que nous vivons, à la fois la rigueur dans la gestion, la persévérance dans l’effort vis-à-vis des manœuvres et actions internes ou externes de démoralisation, de démobilisation ou de déstabilisation. » Dans ce discours de prestation de serment, Paul Biya a pour l’essentiel, rendu hommage à son prédécesseur et appelé à la continuité de l’Etat. Cette petite phrase qui passe presque inaperçue dans le contexte d’alors est pourtant loin d’être anodine.

Il ne faudra pas plus de cinq jours pour le comprendre. 11 novembre 1982, premier conseil des ministres. Le nouveau président peut alors développer son idée, détailler les contours devant son premier gouvernement. On passe d’un mot à un véritable code de conduite : « … j’attends de vous de la rigueur dans la direction de vos départements respectifs, rigueur dans la préservation de la sécurité publique, la sauvegarde de la concorde nationale, la promotion du développement, rigueur qui doit se traduire au jour le jour par une autorité ferme, mais empreinte de bienveillance et de sollicitude à l’égard des personnels placés sous vos ordres, et par l’animation permanente et efficace de vos services et des secteurs correspondants de l’activité nationale. »

Paul Biya, qui sait déjà exactement où il veut aller, présente avec clarté sa vision. La finalité est définie : une gestion saine et efficace des services et du patrimoine publics. Les dirigeants sont ainsi appelés à montrer l’exemple dans leur comportement et leurs activités ; à combattre  avec fermeté et persévérance le tribalisme, le laxisme, l’affairisme, les fraudes ; l’enrichissement effréné et illicite, le détournement des deniers publics, la corruption, le gaspillage, le mauvais entretien du matériel, des bâtiments, des villes et villages. Grand bond dans l’histoire. Une trentaine d’années plus tard, le même Paul Biya fraîchement réélu président de la République, prononce son discours d’investiture, le 3 novembre 2011. Extrait : « … Je dois dire que les comportements individuels ne sont pas  toujours en harmonie avec la solidarité qui devrait être la marque d’une société démocratique. Trop souvent, l’intérêt personnel prend le pas sur l’intérêt général. Cet état d’esprit est à l’origine de ces dérives sociales que sont la fraude, la corruption, voire la délinquance. Même si le chômage, la pauvreté et les inégalités peuvent expliquer en partie le déclin de la morale publique, nous devons réagir avec encore plus de fermeté contre ces comportements délictueux… »

Tous ces extraits de discours sont du même auteur. Mais trois décennies les séparent, sans en altérer la pertinence et l’actualité. C’est le signe que Paul Biya avait été bien inspiré de choisir comme ligne de conduite, dès 1982, la rigueur et la moralisation. Aucun combat n’aura été aussi permanent, aussi acharné au cours de ces 31 années de magistrature suprême.

Paul Biya, lui, est resté au front. Répétant à la manière du pédagogue, à pratiquement chacun de ses messages à la Nation, puis sanctionnant ceux qui malgré la ligne directrice, malgré les avertissements ont persisté à promouvoir le contraire.

Il y a eu les discours. Ensuite, la mise en place d’un cadre institutionnel destiné à combattre tous les maux déjà listés en 1982. La Chambre des comptes de la Cour suprême, le Contrôle supérieur de l’Etat, l’Agence d’investigation financière, la Commission nationale anti-corruption, le Tribunal criminel spécial… au fil des années, le Renouveau a été amené à se doter des instruments à la hauteur du défi permanent que lui imposent les « criminels en col blanc », selon l’expression de Paul Biya. Et tout au long de ces années, le président n’a eu de cesse de rappeler son exigence, de prévenir ceux qui s’évertuaient à s’écarter de la ligne. Beaucoup sont aujourd’hui aux prises avec la justice, sommés de « rendre gorge », autre expression chère à Paul Biya. Dans cette œuvre d’assainissement des comportements, l’Etat aura été sans égard pour le rang social ou les origines. Car, comme aime à le rappeler le promoteur du Renouveau, nul n’est au-dessus de la loi.

Et ce Cameroun qui vient d’entamer sa marche vers l’émergence a plus que jamais besoin de soigner ses valeurs (le sens de l’intérêt général, le patriotisme, le dynamisme…) et de réprimer avec sévérité les dérives (inertie, malveillance, corruption…) La vigilance est donc de mise, dans un contexte de reprise économique. Parce que, les sanctions même les plus spectaculaires infligées jusqu’ici n’ont pas toujours réussi à décourager. Il faudra donc aussi travailler les mentalités profondes, les mauvais exemples ayant facilement corrompu les idées des jeunes. C’est tout le sens du coup de fouet donné au service civique par Paul Biya au cours des dernières années.

En lançant le binôme « Rigueur et moralisation » en 1982, le président de la République avait-il mesuré l’ampleur du chantier ? Oui, visiblement. En tout cas, il n’a « pas changé », ne s’est jamais essoufflé. Cela indique qu’il avait bien vu venir cette bataille, qui est loin d’être terminée.

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