Les dérapages enregistrés à la suite de la proclamation des résultats définitifs des législatives du 28 septembre dernier donnent à certains observateurs le sentiment que l’esprit du dialogue qui a abouti à l’accord du 3 juillet dernier est de nouveau menacé. De nombreux Guinéens ont certainement oublié que l’organisation de ces législatives a été rendu possible grâce à cet accord obtenu entre le parti au pouvoir, le Rassemblement du peuple Guinée (R.P.G), l’opposition et la Commission nationale électorale indépendante, sous la médiation du représentant spécial du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies en Afrique de l’Ouest et médiateur dans la crise guinéenne, Saïd Djinnit. Même après avoir signé cet accord, l’opposition avait exigé et obtenu que certains dysfonctionnements relevés dans l’organisation du scrutin soient corrigés notamment le dédoublement des bureaux de vote jugés trop éloignés du domicile des votants.
Toutes ces concessions étaient censées déboucher sur la proclamation des résultats provisoires des législatives, dans la sérénité, le mois dernier. Ce ne fut malheureusement pas le cas. Ayant estimé avoir injustement perdu à cause des prétendues fraudes massives, l’opposition a introduit des recours auprès de la Cour suprême qui n’ont cependant pas prospéré puisque la haute juridiction a validé la victoire du R.P.G acquise lors des résultats provisoires. L’opposition est d’autant plus mal à l’aise d’avoir échoué que le parti présidentiel remporte l’essentiel des sièges à l’Assemblée nationale même s’il ne s’en sort pas avec une majorité absolue. L’enjeu du scrutin était tel que l’opposition tenait à tout prix à prendre le contrôle de l’appareil législatif dans la perspective de la présidentielle de 2015 tandis que le R.P.G souhaitait consolider la victoire de la présidentielle de 2010 en remportant la majorité des sièges au sein de la représentation nationale.
Au lieu de continuer à dénoncer « un holdup électoral », et développer des stratégies pour maintenir la contestation , l’intérêt supérieur du pays recommande que les acteurs politiques et sociaux fassent preuve de responsabilité afin de reprendre le dialogue et d’œuvrer pour un climat de paix et de tranquillité pour préparer la présidentielle de 2015 dans l’apaisement et œuvrer pour la relance économique et le développement de la Guinée .