Comment relever de manière significative la qualité organisationnelle et compétitive des championnats camerounais professionnels Elite One et Elite Two ?
L’Association des clubs d’Elite du Cameroun (ACEC) vient de donner quelques-uns de ses éléments de réponse à cette lancinante interrogation, au regard des conclusions d’une réunion tenue samedi le 16 novembre 2013 à Yaoundé. Deux résolutions qui convoquent en appui, avec un zest d’opportunisme, des recommandations de l’instance faîtière du football mondial, la FIFA, résument sa position. En premier lieu, selon l’ACEC, il faut augmenter le nombre des clubs des championnats professionnels à dix-huit, aussi bien pour l’Elite One que pour l’Elite Two. Ainsi, pour ce qui est de l’Elite One, par exemple, aucun club ne subit la relégation, sanction universelle de la médiocrité qui frappe, en football, au Cameroun, les trois derniers du classement au terme de la saison. Dans la même mouvance, quatre clubs de l’Elite Two accèderaient à l’Elite One. Et le tour de passe-passe est joué. En second lieu, l’ACEC préconise, entre autres sources d’argent, deux générateurs de financement des championnats professionnels de l’année prochaine, tenant compte de la qualification des Lions indomptables pour la coupe du monde 2014. D’une part la sélection des joueurs professionnels locaux, entraînant ainsi des revenus financiers pours leurs clubs. D’autre part, l’octroi de 30% au moins des retombées financières de la participation du Cameroun à la coupe du monde du Brésil au développement du football professionnel camerounais. Pour payer les salaires, les primes des joueurs et des arbitres, pour construire les sièges des clubs, des stades d’entraînement et de compétition…, il faut beaucoup d’argent et le trouver aux bonnes sources. Ce n’est pas faux.
Mais, dans la quête aux solutions à ce problème complexe du plan stratégique du développement du football professionnel dans notre pays, les éléments de réponse de l’ACEC en viennent à susciter encore davantage de questions troublantes. La limitation à quatorze du nombre de clubs de chacun des championnats d’Elite obéissait notamment à une ardente volonté de relever et d’améliorer de manière soutenue la qualité du jeu. La FIFA, nul ne peut valablement en douter, poursuit le même objectif. Or, qu’en est-il aujourd’hui ? La qualité compétitive est décriée par les spectateurs qui ont déserté les stades, parfois par les responsables de clubs eux-mêmes. Les prestations souvent quelconques des champions camerounais dans les compétitions continentales de football, ces dix dernières années, se passent de commentaires. Comment, dans ce contexte, la multiplication des clubs provoquerait-elle des miracles, par ce coup de baguette magique, comme par enchantement ? Difficile d’y croire, dans ce sport comme dans les autres où la seule foi est insuffisante.
Et l’ACEC a raison de parler d’argent. Qui ne reconnaîtrait pas avec elle que l’augmentation du nombre de clubs des championnats Elite One et Elite Two aurait des incidences financières considérables ? Mais avant d’y arriver, il est indispensable, voire incontournable que chaque club assume pleinement son statut d’équipe professionnelle. Mais combien sont-ils, qui ont des sièges comme l’exigent la FIFA et les statuts de la ligue professionnelle ? Combien sont-ils, les clubs qui ont entrepris de mettre en place une comptabilité professionnelle ? Combien sont-ils, qui ont un stade d’entraînement, une salle de musculation …Sans être exhaustif, reconnaissons humblement que la réponse à ces questions n’est ni élogieuse ni même à ses débuts de concrétisation positive. Tout au contraire, les sons de cloche discordants ou les querelles entre les clubs et la ligue professionnelle ont démontré aux yeux de tous qu’il y a des freins à un engagement pourtant inéluctable vers le professionnalisme en football.
Si la participation du Cameroun à la coupe du monde peut induire des retombées financières pour le développement du football camerounais, tant mieux. Cela aussi est non seulement une recommandation, mais un engagement de la FIFA qui octroie certains des fonds évoqués. Mais une telle intervention ponctuelle ne saurait ni remplacer ni absoudre les clubs dans leurs engagements. Quant à la sélection des joueurs professionnels locaux, convenons tous qu’au-delà du souhaitable, elle ne saurait non plus être une prime à la médiocrité, alors que les Lions, leurs amis et leur public attendent les résultats, les bons, à la mesure de nos attentes, de leur réputation et à la hauteur de leurs capacités démontrées dimanche dernier. La sélection n’est pas une élection où chaque club local serait une circonscription dotée d’un siège. Laissons à cet égard le coach faire son travail.
Au fond, cette réponse partielle et partiale interroge la volonté et la détermination des clubs d’élite à s’engager résolument dans les voies de la modernisation du football professionnel camerounais. Il est inévitable d’aller de l’avant pour cueillir des lauriers. Dans cette quête, ils ne sauraient sans dommage danser un pas en avant et deux pas en arrière.