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Dossier de la Rédaction

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Mœurs: le décapage a la peau dure

Un laboratoire ayant pignon sur rue a plus que jamais remis la pratique au goût du jour à Yaoundé.

L’enseigne récemment installée au quartier Omnisports ne passe pas inaperçue. On peut y voir une femme quasiment transparente, tellement sa peau a été blanchie. La même affiche inonde déjà des salons de coiffure et instituts de beauté dans la ville, vantant au passage les mérites du teint clair. Aux curieux qui osent franchir le pas de sa porte, la promotrice de l’institution ouvre les pages de son album photos personnel pour achever de les convaincre. « Regardez, j’étais bien plus noire que vous. Aujourd’hui, mon teint est métissé, sans aucune tâche noire. Même les zones habituellement résistantes à l’éclaircissement comme les coudes et les genoux sont bien traitées », explique-t-elle aux différents usagers.

Avec cette enseigne, l’éclaircissement du teint rentre dans une nouvelle ère au Cameroun. Avant, hommes et femmes adeptes de la pratique faisaient dans la débrouillardise : jus de citron, eau de Javel, savons à l’hydroquinone, défrisants pour cheveux, sérums éclaircissants  mélangés aux laits de toilette. Chez Françoise M. à l’Omnisports, l’on a plutôt recours à du jus de carotte pour composer des laits. Mais essentiellement à des gélules de vitamine A, du Kenacort retard et du glutathion en injections. Ce sont des corticoïdes utilisés dans le traitement des rhinites allergiques, en dermatologie et rhumatologie. Ils sont ainsi détournés de leur usage médical. Les tarifs des prestations varient de 3500 à 35000 F, selon que le client veut seulement un lait composé ou des soins corporels éclaircissants complets. « La beauté a un prix. Nous commandons certains de nos produits en Europe, au Canada et aux Etats-Unis. Ce sont des produits de qualité », soutient Françoise M.

Mais la promotrice ne dit rien de particulier sur son cursus, alors même qu’elle pose des actes médicaux. « J’ai une patente et je paie mes impôts, je crois que c’est suffisant pour faire tourner mon affaire. Je ne sais pas ce que mon parcours académique et professionnel vient chercher là dedans », se plaint-elle quand on essaie de l’asticoter sur ce point. « Moi, j’ai suivi une formation en médecine générale. N’ayant pas trouvé du travail dans un centre de santé, je suis venue ici où je travaille comme infirmière. Je suis entre autres chargée d’administrer les injections », déclare cependant son assistante.

Selon les pharmaciens, le Kenacort ainsi manipulé est dangereux comme tout produit médicamenteux d’ailleurs. « Une de mes tantes adepte de ces injections s’est retrouvée avec les fémurs fracturés un beau matin. Les médecins ont tout de suite trouvé l’explication, tellement elle était décapée. Par la suite, elle a développé une maladie du foie et en est morte », explique S. Anaba, secrétaire de direction. Des risques ont beau exister pour la santé, les adeptes du décapage n’y renoncent point. Dès la nuit tombée, le ballet de ces hommes et ces femmes s’intensifie du côté de l’Omnisports.

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