Les automobilistes restent accrochés à leur téléphone, malgré des campagnes de sensibilisations.
Une conversation entre femmes et l’une d’elle se repend en exhortation à l’autre : « S’il te plait demande à ton mari d’éteindre ses téléphones lorsqu’il emprunte l’axe lourd. Il est aussi sollicité qu’un standardiste ». Virginie Essoh parle ainsi à sa belle-sœur Léontine au sujet de son frère Marc Alex Essoh. Léontine est l’épouse de Marc Alex. La sœur et le frère sortent d’un long voyage (Nkongsamba-Yaoundé) où ce dernier, au volant, était constamment en ligne. Les mises en garde de l’une sur les risques encourus n’ont pas dissuadé l’autre. Arrivée à destination, elle mettait ainsi l’épouse à contribution pour davantage de sensibilisation. « Par moment, il levait le ton, des fois, c’étaient des éclats de rire, dans tous les cas, ce n’est pas prudent et j’étais morte de peur », conclut-elle.
Comme Marc Alex, ils sont des milliers, ces automobilistes qui font fi de l’interdiction de téléphoner au volant. Beaucoup semblent avoir d’ailleurs trouvé une astuce: le kit mains-libres (les écouteurs) qui permet de garder les deux mains sur le volant et le regard sur la route. Dans certains cas, le kit va même jusqu’à décrocher automatiquement le téléphone sans manipulation. Un trompe-œil en fait, puisque les écouteurs n’enlèvent rien au risque : l’inattention, une des grandes causes des accidents de circulation. «Avec la connexion sur Internet et l’envie de répondre à un texto, la volonté de consulter un mail dont le signal vient d’être émis par le téléphone, l’exposition a un accident est plus accrue, prévient un fonctionnaire du ministère des Transports.
Joseph Meyou, promoteur d’auto-école, explique que la vigilance et le temps de l’automobiliste diminuent de 30 à 70% au téléphone. Plus de la moitié des conducteurs décrochent quand le téléphone sonne, donnant ainsi la priorité à la conversation plutôt qu’à la conduite. Il a été constaté qu’à ce moment là, l’automobiliste n’a plus le reflexe de regarder dans le rétroviseur. D’ailleurs, il a tendance à freiner brusquement quand survient le coup de fil et peut même bousculer le piéton sur le passage clouté. Les manuels d’enseignement à la conduite indiquent que le risque d’accident de circulation est multiplié par 4 lorsqu’on conduit en téléphonant ou en manipulant le téléphone.
Un chauffeur confie qu’il s’est assagit après avoir évité de justesse un drame qui aurait pu décimer toute sa famille. « Je revenais de Bafia. Dans la voiture se trouvaient mon épouse et mes deux enfants qui venaient de passer un mois de vacances au village. Sur l’axe, un ami m’appelle. La conversation a à peine duré une minute que je me retrouve face à face avec une autre voiture à vive allure. Je n’ai pas eu le temps de réagir. Le choc était violent. Des blessés graves certes, mais ma famille aurait pu y passer. J’éteins systématiquement le téléphone quand je m’installe au volant ». C’est ce que recommandent les bonnes pratiques. Même les opérateurs de téléphonie sont entrés dans la sensibilisation avec des gros panneaux en ville et sur les axes routiers où on peut par exemple lire ce qui suit : « Zéro téléphone quand je conduis. On ne vit pas deux fois ».
