La proposition des clubs d’élite d’augmenter le nombre d’équipes suscite le débat dans le milieu sportif.
Petit retour en arrière. En fin janvier 2007 plus exactement. Un expert chargé du développement à la Fédération internationale de football association (Fifa) est au Cameroun. Jean Michel Benezet est en « mission pour parler de la professionnalisation des clubs » selon ses termes. Son rôle est d’expliquer aux acteurs du football camerounais les tenants et aboutissants du projet initié par Sepp Blatter, « Gagner en Afrique avec l’Afrique ». L’Afrique du Sud a l’honneur d’accueillir pour la première fois la coupe du monde sur le sol africain et la Fifa veut laisser des traces à travers ce projet en promouvant la professionnalisation du football dans certains pays. L’expert, sur le cas du Cameroun, estime qu’il faut améliorer l’organisation des championnats, la structuration des équipes et se doter de meilleures infrastructures sportives. « Pensez-vous qu’en l’état actuel des moyens, le Cameroun peut organiser un championnat à 18 clubs ? », demandera Jean Michel Benezet qui milite pour un championnat à 12 ou 14. Dès la saison 2008-2009, 14 clubs sont sur le départ alors qu’on oscillait depuis des années entre 16 et 18. L’idée est clairement de relever le niveau du championnat et de permettre aux clubs de respirer financièrement.
Alors, comment comprendre qu’en 2013, l’Association des clubs d’élite du Cameroun (ACEC) décide de ramener tout le monde en arrière sous le prétexte d’offrir plus de matchs aux joueurs ? La proposition suscite en tout cas la polémique. Car, ces mêmes clubs ont fini la saison 2012/2013 sur les genoux. Deux ans après la mise en place du professionnalisme, le bilan est plus que mitigé car rien n’a bougé entre temps. De plus, des règles ont bien été établies en début de saison avec trois relégués en division inférieure et trois promus en Elite One. A 18 clubs, atteint-on la moyenne des 50 matchs recommandés par la Fifa selon l’ACEC ? Selon cette logique, on devrait carrément avoir plus d’une vingtaine de clubs en lice la saison prochaine. Depuis le passage à 14, le manque de compétitivité des joueurs n’a pourtant semblé déranger quiconque. Ne serait-ce pas justement le lieu de réfléchir à organiser d’autres compétitions, comme par exemple une coupe de la Ligue pour donner plus de temps de jeu aux équipes ? En fin de saison, des rumeurs sur un éventuel passage à 16 circulaient déjà.
Et le nœud de l’affaire, la question financière, va-t-elle être réglée d’un coup de baguette alors que le principal sponsor du championnat a annoncé son retrait à cause de la mauvaise organisation du championnat ? L’ACEC propose que des joueurs locaux soient retenus pour le Mondial 2014 afin de recevoir des compensations prévues par la Fifa. Mieux, que 30% au moins des retombées de la coupe du monde soit destiné au développement du football professionnel. Que se serait-il passé en cas de la non-participation des Lions à ce Mondial ? Toutes ces questions et le débat que cette proposition des clubs d’élite prouvent bien qu’il vaut mieux réfléchir par deux fois devant une situation aussi rocambolesque. Les regards sont en tout cas braqués vers le Comité de normalisation de la Fédération camerounaise de football qui doit entériner ou pas cette proposition. En espérant que l’intérêt du football camerounais, qui a plus que jamais besoin de se remettre en question, prime sur toutes autres considérations.
