Tous les voyageurs en provenance du Mali en conviennent : dans les principales villes du Nord du pays, dimanche encore en proie à la folie destructrice des islamistes, il ne reste plus que quelques traces des neuf mois d’occupation. Lentement, mais sûrement la vie reprend ses droits : les écoles, les hôpitaux, les centrales électriques ; bref, l’administration se met progressivement en place.
Tout cela n’a été possible que grâce à la libération du Nord. C’est elle qui a permis non seulement l’organisation réussie d’une conférence de bailleurs de fonds, mais aussi le déploiement d’une force de sécurité des Nations Unies (MINUSMA), et la tenue d’élections présidentielles en août et juillet derniers, alors que les législatives se sont tenues hier.
De sources dignes de foi, la plupart des familles qui avaient fui la violence, il y a quelques mois, ont déjà retrouvé leurs maisons, voire leurs champs restés à l’abandon. C’est donc indéniable : le nord du Mali renaît à la vie, y compris la vie politique.
Cependant, cette renaissance reste encore bien fragile. Le conflit a provoqué beaucoup de destructions, et gravement perturbé la vie économique ; et lorsqu’on sait que les activités agropastorales avaient énormément souffert de la sécheresse de 2011, on comprend pourquoi des milliers de personnes éprouvent encore d’énormes difficultés pour retrouver un train de vie décent.
En outre, la zone est loin d’être complètement sécurisée. A preuve des groupes armés continuent à y mener des attaques et des attentats qui ont déjà causé la mort de plusieurs personnes, notamment une dizaine des soldats maliens et tchadiens en septembre dernier. On a encore en mémoire l'assassinat le 2 novembre dernier, des deux journalistes de RFI. Pas plus tard que le week-end dernier, quatre civils ont été tués à Tonka, une localité de la région de Tombouctou. Les victimes, des commerçants, ont été égorgées. C’est le mode opératoire des islamistes. Les infiltrations d'islamistes armés ont même fait craindre des attentats pendant le scrutin d’hier. Même Bamako, n’est pas tout à fait à l’abri de ces attentats. Vendredi, un gendarme français a été blessé par un tireur embusqué. C’est la première action de ce type dans la capitale malienne depuis le début de l’intervention française.
Tout n’est pourtant pas si noir. Le FMI au terme d’une mission dans ce pays le mois dernier, a affirmé vendredi qu’il a noté une amélioration des indicateurs économiques du Mali. L’institution de Bretton Woods considère que l’année 2013 a marqué un tournant décisif pour le pays. Ainsi, le PIB, qui s’était contracté de 0,4% en 2012, devrait afficher une croissance de 5,1% en 2013, tandis que l’inflation moyenne pour 2013 devrait retomber à presque zéro. Si ce n’est pas ça un retour à la normale, ça y ressemble fort.
