Au terme du Sommet de l’Elysée, les participants ont remis sur la table l’idée de création d’une force africaine de réaction rapide.

Répondant à l’invitation de son homologue français, François Hollande, le président de la République, Paul Biya, accompagné de son épouse, Chantal Biya, a pris part du 6 au 7 décembre dernier aux travaux du Sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique. 53 pays du continent dont une quarantaine représentés par des chefs d’Etat ou de gouvernement ont pris part à ces assises, ainsi que les représentants des Nations unies, de l’Union africaine, de l’Union européenne, du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement. Le sommet a été marqué par le décès de Nelson Mandela à qui un hommage particulier a été rendu par tous les participants aux assises.

Trois thèmes ont meublé les échanges à huis clos entre participants à ce sommet : « Paix et sécurité », « Partenariat économique et développement », « Changements climatiques ». S’agissant de la paix et de la sécurité, il est apparu qu’elles sont menacées par trois phénomènes : le terrorisme, les trafics et la piraterie. Des actes de terrorisme ont notamment été enregistrés, ces derniers temps, au Sahel, au Mali, au Kenya, en Somalie et en Libye. Les terroristes qui visent notamment à déstabiliser les Etats, effrayer les populations et même conquérir des territoires disposent parfois des armes que certains Etats n’arrivent pas à acquérir.

En ce qui concerne des trafics qui fragilisent également la paix et la sécurité en Afrique, ils concernent de l’avis des participants au sommet de Paris la drogue, les armes, les êtres humains mais également des espèces protégées, et l’ivoire que l’on prend sur les éléphants au risque de mettre en danger la biodiversité. Quant à la piraterie qui est notamment présente dans l’espace maritime à l’Ouest, à l’Est et au Centre de l’Afrique, elle constitue un frein à la libre circulation des personnes et des biens ainsi qu’au développement et au bien-être des populations.

Les Africains en première ligne

Pour combattre efficacement le terrorisme, les trafics, la piraterie et les autres menaces qui pèsent sur les Etats africains, les participants au Sommet de l’Elysée sont parvenus à une conclusion forte : « L’Afrique doit assurer elle-même sa sécurité ». A cet effet, ils ont remis sur la table l’idée de création d’une force africaine de réaction rapide, sous l’égide de l’Union africaine. La France s’est déclarée disposée à apporter tout son concours à cette force, par la mise à disposition de cadres militaires, de la logistique, du renseignement et des actions de formation. Paris est prête à former 20.000 soldats africains par an sur cinq ans. Pour ce qui est de l’Europe, elle soutiendra l’Afrique dans ce processus, pour montrer non seulement sa solidarité à l’égard de ce continent, mais également une responsabilité dans la mise en commun des moyens et des forces.

A l’analyse, il est apparu que le thème du deuxième huis clos du Sommet de l’Elysée « Partenariat économique et développement » avait également un lien avec la sécurité. En parlant de ce thème à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des assises, François Hollande a déclaré : « La sécurité, c’est aussi le développement ou plutôt, le développement c’est la sécurité. Les deux ambitions et exigences se rejoignent ». Lors des échanges, il est apparu que l’Afrique « pour la France est un continent d’avenir. L’Afrique est aujourd’hui, avec l’Asie, le principal moteur de la croissance mondiale ». Les participants aux assises de l’Elysée ont affirmé leur détermination à promouvoir des échanges commerciaux dynamiques et équilibrés entre l’Afrique et la France en poursuivant l’objectif d’un doublement du volume d’échanges croisés en cinq ans. Ils ont par ailleurs, convenu d’intensifier les partenariats économiques et d’affaires. Entre autres mesures annoncées par la France en faveur de l’Afrique, Paris va consacrer 20 milliards d’euros durant les cinq prochaines années en dons et prêts au développement du continent ; et doubler d’ici 2015 l’aide française à l’agriculture familiale.

Urgence pour l’environnement

Au terme des débats sur le thème de leur troisième huis clos relatif au changement climatique, les participants au sommet de l’Elysée sont parvenus à la conclusion que la paix, le développement c’est aussi la préservation de la planète.

Après avoir constaté pour le déplorer que les risques du changement climatique : la désertification qui progresse, la déforestation, le manque d’eau, les risques pour la biodiversité, sont ressentis plus durement dans les pays du Sud et sont des sources potentielles de conflits « alors que ce sont les pays développés qui ont absorbé et capté les ressources des pays africains pendant de longues années », les participants aux assises du 6 et 7 décembre derniers à Paris ont décidé de créer une alliance euro-africaine en vue d’un accord ambitieux sur le climat en 2015, un accord universel contraignant. Par ailleurs, pour soutenir les efforts des pays africains, Paris a décidé de consacrer un milliard d’euros chaque année aux objectifs de développement durable.

Au total durant leurs travaux, François Hollande et ses hôtes ont traité toutes les conditions de la paix en Afrique, pas seulement la sécurité, mais aussi le développement, l’environnement, la préservation de la planète. Au terme des assises les participants se sont donné rendez-vous au Mali pour le prochain sommet.