Pour avoir livré bataille, de 1955 à 1972 et de 1983 à 2005, au sein de l’ancien territoire soudanais contre la partie nord dudit territoire, pour revendiquer l’autonomie, au cours d’une guerre civile qui a fai t plus de deux millions de morts et plus quatre millions de déplacés. Mais aussi pour avoir obtenu son indépendance de haute lutte en 2011, de nombreux observateurs estimaient que le Soudan du Sud connaissait le prix de la guerre et ne pouvait nullement s’engager dans une aventure destabilisatrice et ruineuse pour le jeune Etat.
Les tristes affrontements opposant les militaires Nuer favorables à l’ancien vice-président Riek Machar aux troupes proches du président de la République, Salva Kiir, à la suite d’une tentative de coup d’Etat attribuée à l’ancien vice-président montrent que le Soudan du Sud demeure encore particulièrement fragile et écartelé entre les ambitions de certains compatriotes et les enjeux de l’exploitation des gisements de pétrole. Le conflit qui déchire actuellement le Soudan a pris une ampleur telle que les troupes étrangères ne sont pas épargnées par les attaques des frères ennemis. Qui plus est, les affrontements se sont étendus autour des champs pétroliers en vue de les contrôler, et d’accroître le pouvoir de négociation des troupes qui en prennent possession. Les combattants ne soucient guère de l’attitude certains travailleurs des compagnies pétrolières étrangères qui ont commencé à plier bagages. Ils ne se préoccupent pas non plus de l’incidence de ce conflit sur l’économie de leur jeune pays.
Certes en deux ans, il n’est pas aisé de bâtir un Etat. Certes aussi, tout Etat peut faire face à des difficultés. Mais le virage dangereux amorcé par les belligérants du même Etat montre que les dirigeants ont eu tort de sous-estimer les divisions qui opposent ressortissants du Soudan du Sud.
Dans un contexte où les séquelles ayant résulté de la guerre ayant opposé le Soudan du Sud au Soudan ne sont pas entièrement cicatrisées, et où l’accord ayant scellé la réconciliation entre les deux Etats est souvent remis en cause, il est urgent pour les dirigeants du Soudan du Sud de relever le défi de l’unité sur l’ensemble du territoire national , en sensibilisant les citoyens sur la nécessité de vivre ensemble et en faisant participer chacun des citoyens à l’œuvre de construction nationale sur les différents chantiers du développement de l’Etat . Il est capital de faire comprendre aux filles et aux fils du Soudan du Sud que le pays leur appartient en partage et qu’ils en seront d’autant plus fiers s’ils contribuent à sa croissance et son développement.