Dans les administrations, les marchés, les transports, Yaoundé semble tourner au ralenti.

« Qui m’a même dit de boire du whisky hier ? Maintenant j’ai la migraine», se gourmande Marcelline A., cadre dans une entreprise.

La trentenaire se lève agacée et décide de faire les cent pas à l’extérieur. Son blues du lendemain de fête est partagé. Pierre Zedea, agent de sécurité, baille jusqu’aux larmes, un journal entre les mains. « Le travail a repris mais avec beaucoup de fatigue. Le rythme est encore lent. Quand Noël tombe en milieu de semaine comme c’est arrivé, ce n’est pas facile pour tout le monde», avoue-t-il avant d’aller prendre sa tasse de café. La matinale d’une radio locale propose du Hervé Nguebo, dans un afrojazz berceur. « Nous nous sommes fixés pour but de ne pas vous bousculer ce matin, chers auditeurs. La nuit a été longue», commente l’animateur radio.

A 9h, les rues sont encore peu fréquentées. Les agents de la circulation placés dans les carrefours papotent. D’autres prennent le petit-déjeuner à la boulangerie d’en face. Pas de quoi s’inquiéter, le trafic est fluide et les arrêts taxi presque vides. Les places de parking qui entourent différents ministères de la capitale ne sont pas toutes occupées : elles qui en temps normal, donnent lieu à des disputes entre conducteurs. Mirabeau Koung, chauffeur est déjà en poste et déclare : « Il y a de la fatigue, mais on n’y peut rien. On ne peut pas se comporter comme si aujourd’hui (hier,ndlr) était un jour férié. Il faut reprendre les choses en main.»

Au ministère des Finances, les couloirs sont peu empruntés. Les ascenseurs laissent sortir quelques fonctionnaires qui tiennent nonchalamment leurs mallettes. Il est 10h05. Paul Achille Mfogham, cadre à la Division de préparation du budget explique : « J’ai repris sans difficultés ce matin, dès 7h30 j’étais en poste. Le transport était moins difficile, il n’y avait pas d’embouteillages. Si Noël avait été un samedi, la journée de vendredi aurait été fériée et là on aurait eu tout le week-end pour se reposer, cela nous aurait fait du bien.» Contrairement aux cadres de cette division, tout le monde ne s’est pas levé de bonne heure. Quelques-uns sont affalés, presque inconscients, au jardin public de Mvog Atangana Mballa tandis qu’au marché Mvog-Mbi, vendeurs cherchent clients : « Ce n’est pas la grande affluence. Les ventes sont timides», affirme Alex Palep, commerçant.