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Dossier de la Rédaction

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Justice populaire: l’horreur continue

Malgré les rappels à l’ordre et la sensibilisation, la pratique persiste dans nos villes.

 Qu’est-ce qui peut pousser un gang de malfrats à foncer, en catastrophe, dans les locaux d’un commissariat de police et à demander une arrestation du groupe ? Le commissaire du 7e à Douala, dans les locaux duquel cette situation cocasse s’est produite il y a quelques semaines, a la réponse. Les bandits avaient peur de tomber dans les mains de la foule. En fait, le groupe, opérant à bord d’un taxi, venait d’agresser une femme, éjectée sans ménagement du véhicule après avoir été détroussée. Un automobiliste a suivi la scène, les a pris en chasse, tout en ameutant des motos-taximen. La fin de pareille course-poursuite, si les forces de l’ordre n’interviennent pas, est presque toujours la même : les présumés malfrats, s’ils sont rattrapés, sont lynchés, battus à mort.

Victor C., photographe, raconte avec horreur une scène vécue à Akwa : deux jeunes agressant à moto se sont fait prendre. L’un a reçu un coup de parpaing sur la tête, et son crâne a explosé dans un bruit sourd. Victor n’avait jamais vu de cervelle, encore moins de cervelle dégouliner. Un spectacle dont il serait bien passé.

Il y a juste quelques jours, alors que l’ambiance était déjà à la fête de Noël, un jeune homme a fini carbonisé au carrefour du marché Dakar (Douala 3e). « Ils étaient deux sur une moto, qu’on poursuivait depuis Ndokoti. L’un a pu s’échapper », raconte Raymond D., habitant du quartier. Les deux jeunes gens étaient soupçonnés de pratiquer le vol à l’arraché à partir des motos. « Quand on crie bandit, la personne va très probablement finir dans le feu », ajoute Raymond.

L’habitude n’est pas propre qu’aux habitants de Dakar, Oyack ou Bilonguè. C’est dans toute la ville que souffle cette espèce de frénésie meurtrière. En continu. Du coup, l’alerte donnée, les fameux « Au voleur ! » ou « bandits ! », suffit à déclencher le réflexe qui tue (c’est le cas de le dire). Les premiers à mettre la main sur l’individu désigné à la vindicte populaire commencent le passage à tabac. D’autres arrivent, même de simples passants, et leur prêtent main forte. Le présumé agresseur, « soutireur » ou voleur de poule souffre mille morts avant de mourir, s’il n’a pas la chance de voir arriver des éléments des forces de maintien de l’ordre.

Aujourd’hui, malgré tous les rappels à l’ordre des autorités, les opérations de sensibilisation (il est arrivé que des hommes d’église donnent de la voix contre le phénomène), la justice populaire ne faiblit pas. De fait, chaque fois qu’un individu finit rôti ou en capilotade, à Douala, Bafoussam, Bamenda, Yaoundé, etc., elle se rappelle à notre bon souvenir. Elle, qui fait tant mourir, est toujours bien vivante.


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