C’était l’an dernier, à la même époque, que tout avait commencé. Tous les éléments étaient réunis pour un scénario de film d’horreur.

Les victimes, cible d’un carnage d’un genre que nos populations ne connaissaient pas, étaient essentiellement de jeunes filles dont l’âge variait entre 17 et 22 ans. Le piège : la moto-taxi, devenue si familière dans notre environnement … Comme Mimboman, Biteng, à l’Est de Yaoundé, le lieu où se signalèrent, dans la capitale, les premières disparitions, aussitôt suivies de découvertes macabres : des corps mutilés de personnes violées. Des organes prélevés. Yaoundé fut, en fait, le terminus d'une trajectoire partant de Bafoussam, et passant par Batié, une autre ville de la région de l’Ouest. Onze jeunes filles à Yaoundé, quatre à Bafoussam et quatre autres à Batié. Même modes opératoires, même crimes odieux. A quelles fins ? Pour quels rites ?

Des rumeurs enflent comme des torrents de montagne et prennent des proportions fluviales.. On parle de sectes, de « pontes du régime », de pratiques magico-religieuses, aux fins de possession du pouvoir, et d’argent. Si certaines interprétations semblent disproportionnées, la psychose, elle, est bien réelle. Elle s’étale et perdure au gré des difficultés des forces de l’ordre à arrêter le phénomène.

Puis, comme une lueur, on annonce les premières arrestations. La nasse se serait abattue sur la chaîne. Le « commanditaire », serait un homme d’affaires ayant pignon sur rue à Bafoussam, il aurait glissé entre les mailles du filet. Mais le gros de la troupe est aux fers. 

 Il y eut à la fin, un matin de septembre 2013, ce point de presse du ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary pour éclairer l’opinion. Et comme pour rappeler cette sagesse populaire des sous-quartiers : « 99 jours pour le voleur… un seul pour le patron ».