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Dossier de la Rédaction

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Coup de chaud sur le gouvernement

De quoi coincer les bouchées des mets du réveillon en travers de la gorge. Les vœux de nouvel an du président de la République aux Camerounais avant-hier ont laissé un goût aigre-doux à certains. Malgré la voix égale et le ton contenu, le jugement du premier Camerounais sur les performances économiques nationales est sévère. Il a ainsi délivré un discours ambivalent : d’un côté, la satisfaction – brève – sur l’œuvre globale accomplie en 2013, en particulier le bilan positif de l’organisation de trois scrutins majeurs et les belles avancées en termes d’accès de la population aux soins de santé. De l’autre, l’incompréhension, voire l’exaspération, face au constat de l’incapacité de l’équipe de mission au service des Grandes Réalisations à impulser un élan plus vigoureux à l’économie, condition sine qua non pour la création d’emplois et le relèvement du pouvoir d’achat. Fait inédit, Paul Biya a renoncé à établir un bilan systématique et sectoriel, pas plus qu’il n’a annoncé de projet à venir, sans doute pour mieux marteler sa déception et fustiger les inerties qui réduisent le rêve d’expansion à un espoir évanoui. Du moins pour l’heure.

Ce faisant, le président de la République est tout à fait dans son rôle, qui est de porter la vision et l’ambition, de définir les orientations de la politique de la nation, et d’en confier la mise en œuvre au gouvernement, à travers une feuille de route et un chronogramme précis. L’évaluation périodique qu’il en fait, et qu’il livre partiellement ici, n’est pas seulement légitime. Elle est une exigence, une méthode qui permet de corriger les insuffisances et de sanctionner les dérapages et les défaillances. Ça et là, on lit et on entend dire en effet que le président se porte l’estocade à lui-même, dans cet exercice critique de l’action de ses ministres. Ce ne peut être qu’une erreur d’appréciation, car le chef de l’exécutif dans notre système n’est pas un super ministre, omniprésent et omniscient, à l’ombre duquel les membres du gouvernement se meuvent comme de bons pantins. Les ministres sont bel et bien des plénipotentiaires, désignés pour mettre en musique les politiques définies, sous la férule du Premier ministre.

Cela dit, on aurait tort de croire que l’insuffisance de résultats ainsi constatée et décriée est le seul fait du gouvernement. Dans la ligne de mire de Paul Biya, se trouvent aussi bien des coordonnateurs de projets et programmes, que des secrétaires généraux, directeurs généraux, directeurs d’administrations centrales, fonctionnaires et même prestataires de services de l’Etat dont l’âpreté au gain grève les budgets sans enrichir le pays. L’individualisme que le chef de l’Etat flétrit est-il le seul fait des ministres ? Evidemment non. Tout employé de l’Etat qui exige des dessous de table pour faire son travail est sans aucun doute un fossoyeur de l’Etat, car les critères de performance administratifs incluent aussi bien la pertinence du traitement des dossiers que leur temps d’exécution.

Mais en mettant le doigt sur la question cruciale de la coordination de la stratégie économique, portée par plusieurs ministères et institutions étatiques, ce message de fin d’année établit, ou rappelle en sourdine, que ce qui fait le plus mal ici, c’est l’action humaine, à travers les petits combats de chefs ; les doublons nés des egos surdimensionnés, le manque de vigilance ; l’inertie ; la lenteur dans la prise de décision ; les dissonances, les énergies centrifuges. Seule une coordination et une mise en cohérence minutieuse pourraient permettre de déceler et de corriger ces dysfonctionnements dont les conséquences sur l’aboutissement des dossiers sont inestimables, notamment en termes de surenchérissement des coûts et de retards d’exécution.

Et comment opérer le retour à l’orthodoxie, le sursaut patriotique prôné par le chef de l’Etat ? Ce n’est pas le plus aisé. Il n’y a pas de formule magique pour inculquer le culte de l’intérêt général et la culture du résultat dans la haute administration. S’agissant du sens de l’intérêt général, c’est avant tout une affaire de conscience individuelle, et celle-ci ne se décrète pas. Son acquisition passe par une éducation adaptée et continue de l’individu, qui fait aimer par-dessus soi-même et par-dessus tout, ce qui appartient à la collectivité. Quant à la culture du résultat dans l’administration, il s’agit de l’instaurer, comme cela a déjà été le cas pour le PROMAGAR (programme de modernisation de la fonction publique découlant de la gestion axée sur les résultats), d’évaluer périodiquement les fonctionnaires, en appliquant rigoureusement, selon les résultats, des sanctions positives ou négatives. Si l’émergence du Cameroun est à ce prix, alors, réveillons-nous ! Rectifions le tir et bâtissons enfin la république exemplaire. Ce « coup de chaud » sur le sérail et sur le gouvernement est une semonce nécessaire, un coup de massue sur nos têtes désabusées !

 

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