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Dossier de la Rédaction

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Economie : le temps de la confirmation

Au crépuscule de l’année 2012, nous avions écrit dans ces colonnes que l’année 2013 serait économique, quoique devant être traversée par des scrutins majeurs. Nous ne nous sommes pas trompés. C’est d’ailleurs le cas pour tout le continent. Un vent radieux souffle sur les économies africaines. Dans un hors-série édité ce mois de décembre, l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique publie son traditionnel « Etat de l’Afrique », avec l’ambition de donner aux lecteurs toutes les clés pour comprendre « les (r)évolutions du continent ». Révolutions. Comment désigner autrement le bouillonnement économique, social et culturel qui s’est emparé de l’Afrique, du nord au sud et d’est en ouest ? Si les médias d’ici et d’ailleurs ont continué en 2013, par vice, et par parti-pris, de braquer leurs caméras uniquement sur les conflits sanglants, la violence, les errements démocratiques en Afrique, plutôt que sur les nombreux projets agricoles et miniers, les constructions de barrages, de ponts et de routes, l’innovation technologique, il devient de plus en plus difficile pour les afro-pessimistes de trouver des arguments crédibles, pour claironner comme René Dumont à une autre époque, que « l’Afrique noire est mal partie».

La réalité de l’Afrique d’aujourd’hui est celle d’une terre dynamique, embarquée dans le combat contre le mal développement et contre l’autocratie, parfois gênée aux entournures, par ses démons que sont la montée des extrémismes religieux et le repli ethnique, la corruption des élites et aussi par le choc violent des intérêts des grandes puissances qui s’y entrecroisent. Pourtant ces obstacles, pour réels qu’ils soient, ne sont pas rédhibitoires. En tout cas, ils ne semblent pas en mesure d’arrêter l’envol du continent vers l’avènement d’une société égalitaire et prospère. Le Cameroun n’est pas en marge de cet état de grâce. Bien au contraire. Ainsi, dans le palmarès des pays africains les plus compétitifs établi par Jeune Afrique en cette fin d’année, les performances du Cameroun dans tous les domaines sont remarquables. Dans un classement qui exclut la gouvernance politique mais qui intègre les réalisations économiques, les progrès humains et sociaux, la solidité du tissu industriel, la somme des richesses nationales, la vitalité du secteur économique hors pétrole, le Cameroun apparaît désormais comme la 7e économie du continent, et la 12e nation sur 54 au classement général, tous critères d’évaluation confondus.

A vrai dire, ce palmarès n’étonnera que les professionnels de la mauvaise foi et les pourfendeurs acharnés, car il est clair qu’en cette année qui s’achève, notre pays a marqué des points dans beaucoup de domaines. Ce classement flatteur est bien la preuve que le train des Grandes Réalisations s’est ébranlé, et que les espoirs qu’il portait commencent à se transformer en acquis concrets et palpables. Les projets foisonnent, les résultats aussi : construction d’infrastructures de transport – routes, autoroutes, ponts – à travers tout le pays ; construction d’infrastructures énergétiques (barrages, centrales thermiques et à gaz, projet en étude d’une usine d’engrais chimiques à partir du gaz, projet d’usine de production de gaz naturel liquéfié) ; création de grands pôles agricoles régionaux, concomitamment avec le début de livraison des tracteurs agricoles fabriqués à Ebolowa. Avec l’ambition de porter aux nues l’industrie agro-alimentaire, qui apparaît comme la vocation première et naturelle du pays. Comment oublier les espoirs nés de la pépinière de projets miniers, de la création de nouvelles cimenteries, de la vitalité des BTP et des projets de logements sociaux ?

Néanmoins ce classement ne doit pas nous endormir. Le train des Grandes Réalisations est loin d’avoir atteint sa vitesse de croisière. En 2013, nombre de projets importants sont demeurés en friche ou carrément dans les tiroirs, alors que les études s’enlisaient pour d’autres. Quant à ceux qui ont effectivement commencé, ils s’exécutent à un rythme incompatible avec les attentes des Camerounais et avec le cap de l’émergence en 2035. Qui plus est, les prévisions de croissance du PIB estimées à 6,1 % ne se sont pas réalisées, et se situent autour de 5 % selon les plus récentes estimations.

A la vérité, les statistiques ne traduisent pas toujours toute la complexité de la réalité économique, a fortiori lorsque celle-ci demeure pour une grande part souterraine et informelle. Néanmoins, il faut avoir le courage et la lucidité de reconnaître que la conduite des projets et des réformes s’est souvent heurtée à la lourdeur et à la complexité de la machine administrative (code des marchés publics, système fiscal et douanier, ouverture d’entreprises) trop procédurière, intégrant trop d’intervenants, et parfois viciée par la corruption. Un comble, lorsqu’on pense que l’administration est censée jouer ici le rôle de facilitateur. On peut parier que cet état de choses a découragé plus d’un investisseur, malgré la forte attractivité du Cameroun, pays stable, aux institutions solides, peu endetté, et doté de grandes ressources humaines et naturelles.

En comparant précisément pour l’année 2013 les apports financiers extérieurs aux économies du continent, à travers les investissements directs étrangers (IDE), on constate que le Cameroun en reçoit 5 à 8 fois moins que les pays de niveau égal, ce qui est fort dommageable et explique en partie le taux de croissance économique enregistré, tout à fait appréciable, mais sans commune mesure avec les ambitions du président de la République et les efforts des Camerounais. Qu’on se le dise : le Cameroun ne se développera pas tout seul. On peut aussi penser que l’inertie de certains responsables en charge des dossiers stratégiques, tant décriée par le chef de l’Etat, a ralenti la vitesse d’exécution de quelques projets d’importance, privant ainsi le pays de quelques points de croissance. Sans compter les faiblesses structurelles du système, telles que la dépendance envers l’étranger pour certains matériaux indispensables à la construction d’infrastructures, comme le bitume, et dans une moindre mesure le fer. L’appel du Premier ministre à l’entrepreneuriat local lors de l’un des derniers conseils de Cabinet de l’année mérite d’être entendu et saisi, tant les ressources sont disponibles, et tant l’enjeu est vital.

2013, année économique, ne fut pas un mauvais cru, mais nous laisse un peu sur notre faim. Ce goût d’inachevé est compensé par une belle année politique, qui restera comme l’année de l’entrée en scène du Sénat et celle de l’application effective de la biométrie dans le système électoral. Ajouté à la tenue sans faute du double scrutin municipal et législatif, à une situation des droits de l’homme en net progrès selon la Commission nationale, à la volonté politique réaffirmée de traquer la corruption, le Cameroun a connu avec l’année politique 2013 un vrai marqueur de progrès.

Que nous réserve alors 2014 ? Il faut reconnaître que l’environnement régional du Cameroun pourrait entraîner des interrogations, voire des appréhensions. Cerné de toutes parts par le conflit armé en RCA, les incursions des extrémistes de Boko Haram et celles des pirates sur sa frontière occidentale et sa façade maritime, le Cameroun sait son élan d’expansion « fragilisable ». Pour couronner le tout, le « non » de la Guinée équatoriale à la libre circulation des personnes résonne dans ce contexte comme une déflagration. Doit-on y lire le refus d’un avenir commun, un déni de solidarité ? Epris de paix, acquis précieux des années Biya, tolérants, ouverts et hospitaliers envers leurs voisins, les Camerounais ne comprennent pas toujours ce qui se joue sous leurs yeux, derrière le crépitement des armes et les reculades de la CEMAC.

Il n’y a pourtant pas péril en la demeure. Le président de la République, chef des Armées, a pris des mesures énergiques pour sécuriser le triangle national, venant ainsi renforcer le déploiement efficace du BIR dans les zones frontalières. En 2014, il s’agit donc de continuer à travailler, encore et encore pour confirmer les acquis économiques, et à garder confiance, malgré les menaces extérieures. Confiance en nous, en nos capacités, en notre détermination à accompagner le développement du pays. Chacun à sa place. Confiance en notre leader, pour assurer comme par le passé notre sécurité et notre marche résolue vers l’émergence. Et pour faire entendre raison à nos frères de la CEMAC : hors le groupe, point de salut !

Bonne Année 2014 !

 

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