La Communauté internationale a pourtant pris la mesure de la situation en dépêchant des émissaires auprès des belligérants aux lendemains du déclenchement du conflit. Le président de l’Union africaine, Hailemariam Desalegn, Premier ministre éthiopien a, en effet, rencontré le chef de l’Etat du Soudan du sud, Salva Kiir , en compagnie du président kenyan, Uhuru Kenyatta, pour désamorcer la crise . Le président du Soudan, Omar El Béchir, a également fait une offre de médiation. Divers partenaires, notamment chinois, impliqués dans des activités pétrolières au Soudan du sud, ont aussi multiplié des rencontres pour un retour rapide à la paix.
Force est cependant de constater que toutes ces initiatives n’ont pas encore pu prospérer à cause de l’intransigeance des belligérants. Même si les représentants du président du Soudan du sud et ceux des rebelles de l’ancien vice-président, Riek Machar, limogé en juillet dernier, ont pu se rencontrer à Addis-Abeba, en Ethiopie, les négociations entre les deux camps sont toujours bloquées sur la demande de libération de onze rebelles détenus par le camp présidentiel. La présidence du Soudan du sud refuse de libérer ces prisonniers, en affirmant qu’ils doivent se conformer au processus judiciaire normal, tandis que la délégation des rebelles fait de cette libération une pré-condition à tout cessez-le-feu. Malgré de nombreux appels en faveur de la paix, les deux camps demeurent inflexibles. Ayant d’abord opposé des unités de l’armée loyale au président Salva Kiir à ceux de l’ ancien vice-président, les combats ont dégénéré, depuis lors, en une guerre opposant les forces loyalistes à une rébellion composée des combattants mutins de l’armée et des milices ethniques, voire des affrontements mettant face-à- face des membres de l’ ethnie Dinka de Salva Kiir à ceux de l’ethnie Nuer de Riek Machar . La volonté d’en découdre affichée par les belligérants est telle que la ville stratégique de Bor, capitale de la région du Jonglei , a changé trois fois de mains depuis le début des hostilités . Non seulement, les combats se poursuivent dans la région du Jonglei, ils s’intensifient également dans celles du Haut Nil et de l’Unité. 200.000 personnes ont été obligées de se déplacer. De même, des massacres, viols et meurtres à caractère ethnique sont signalés au moment où la situation humanitaire ne cesse de se dégrader.