Le premier mois de l’année est souvent considéré comme le plus long. Dans les ménages, l’heure est aux économies, aux prêts ou aux appels à l’aide.
Entre deux commentaires hilarants sur l’actualité du jour, Solantine M., la quarantaine entamée, glisse à son collègue : « Je suis à sec. Est-ce que tu peux me prêter de l’argent ?» Son collègue, cadre dans une entreprise de la capitale, est au rebond : « A quel taux d’intérêt ? » Et d’ajouter, en se frottant presque les mains : « Janvier est le mois où les prêts que j’accorde me rapportent le plus.» Et c’est le début des négociations. Quelques minutes plus tôt, Solantine M. croulait sous les appels. « J’ai des frères qui m’appellent pour me poser des problèmes d’argent, croyant que je suis plus aisée. C’est janvier pour tout le monde !», répond-elle, agacée.
Pour beaucoup, l’année a commencé avec des problèmes financiers. Félix T., cadre dans une entreprise parapublique, n’est pas épargné. Le trentenaire n’a reçu son salaire du mois de décembre que lors de la deuxième semaine de janvier. Il n’est toujours pas rassuré une fois ses billets de banque en poche : « Cet argent va me servir à éponger mes dettes de ce début d’année, en commençant par le règlement de la troisième tranche de scolarité de mon fils. J’ai dû voir personnellement le directeur de son établissement pour qu’il m’accorde un sursis. Faute de quoi, mon enfant aurait été mis dehors.»
Dans la famille Onana, c’est à peine si la disette ne s’est pas installée après les fêtes. « Le congélateur est presque vide. Nos cousins sont venus de l’étranger pour les congés et on a fait beaucoup de dépenses à la maison pour les mettre à l’aise. Maintenant, on fait vraiment le minimum question dépenses, en attendant la fin du mois», explique Mélanie E., la cadette. Pas de quoi inquiéter Marco T., vendeur à la sauvette au marché Etoudi. Le jeune homme a fait quelques ajustements dans son commerce. Il a cassé ses prix pour appâter les clients. D’ailleurs, il remue son ballot de vêtements en scandant : « Tout ça c’est cadeau ! ». Il justifie : « Beaucoup ont fait des achats en fin d’année à des prix forts et ne sont plus prêts à sortir le moindre franc. En vendant moins cher, je suis sûr de faire des recettes.» A chacun sa méthode pour passer par la case Janvier !
