La démission du Premier ministre Tunisien Ali Larayedh était certes attendue, elle n’était pour autant pas automatique. La mise à l’écart du chef du gouvernement islamiste montre que le parti majoritaire, Ennahda a respecté ses engagements relatifs à la décrispation politique et qu’il accepte de coopérer avec une personnalité indépendante. Le nouveau Premier ministre, Mehdi Jomaâ a désormais les coudées franches pour consolider la décrispation politique et permettre à l’équipe gouvernementale qui va bientôt être formée de mettre sa science, son génie et ses talents au service de l’Etat.
Il s’agit incontestablement d’un nouveau départ plein de promesses et qui autorise tous les espoirs. Mehdi Jomaâ sait qu’il n’a pas droit à l’erreur pour ne donner à la Tunisie l’impression de tourner en rond avec des Premiers ministres sans cesse poussés vers la porte de sortie. Le chef du gouvernement a le devoir de réussir pour traduire dans les faits l’accord conclu entre Ennahda et l’opposition laïque et qui vise à mettre fin à trois années de crise politique après la chute du président Ben Ali. Il revient au Premier ministre d’encourager l’Assemblée constituante dans la rédaction de la nouvelle constitution et de mettre tout en œuvre pour que des élections se tiennent au cours de cette année.
Le calendrier politique du PM a beau être chargé, il n’est pas plus déterminant que le calendrier économique. Dans un contexte de fort mécontentement social en raison de la hausse du coût de la vie, il appartient au chef du gouvernement de trouver des solutions réalistes au déficit de comptes publics et à la pénurie des emplois, à l’instauration des nouvelles redevances sur les véhicules mais aussi initier des réformes économiques courageuses pour relancer la croissance. La dimension économique de la tâche de Mehdi Jomaâ est d’autant plus sensible qu’elle requiert le soutien des partis politiques, des entreprises, de la société civile, et des populations pour surmonter les obstacles, initier les réformes salutaires et renforcer la stabilité du pays.