Robert Yinyang, 30 ans, a été étouffé lors d’un effondrement sur un chantier lundi.

Mourir dans la force de l’âge. A 30 ans. Etouffé sous une dalle. Sur un chantier de démolition. Avant la troisième semaine de l’an 2014. Dans tout le package des vœux et des bons sentiments pour la nouvelle année, Robert Yinyang n’imaginait sûrement pas la mort en embuscade. Un hold-up existentiel qui s’est brutalement produit dans un après-midi ensoleillé du 13 janvier du côté de Bonabéri. On est aux environs de 15h30 dans les ruines de l’ancien collège Inset quand un grand bruit vient stopper net le son rythmé des masses, marteaux et autres outils de démolition.

La cadence qui faisait le quotidien des riverains depuis quelque temps ne reprendra pas tout de suite. Le pire vient de se produire dans ce bâtiment en face de l’agence Cnps de Bonabéri. Le grand bruit, c’était une dalle qui s’effondrait. Emportant avec elle le dernier souffle d’un ouvrier du chantier, Robert Yinyang. Frappé à l’arrière de la tête et au dos par le poids, il disparait sous les décombres. Autour de lui, ses collègues essaient de s’affairer. Mais ils ne peuvent plus rien pour lui. Même pas sortir son corps bloqué sous la lourde dalle.

La brigade de gendarmerie territoriale de Bonabéri I descend sur les lieux. La famille alertée accourt. La dépouille leur sera remise plus tard et déposée à la morgue de l’hôpital de district de Bonassama. Sur le chantier, les travaux de démolition sont à l’arrêt. Ce qui ne semble pas être du goût des ouvriers qui, l’air revêche, repoussent toute demande d’information. Tour à tour suspicieux – « vous voulez nous nuire » – et bravaches – « C’est nous-mêmes qui avons décidé d’arrêter de casser. On peut reprendre quand on veut ». Comme un mur de silence.