L’armée camerounaise déployée dans les deux localités frontalières d’Amchidé et de Limani.
Le réveil était lourd ce jeudi matin dans les localités frontalières d’Amchidé et de Limani dans le département du Mayo-Sava. Ces deux villes camerounaises adossées à la frontière avec le Nigeria étaient sous couvre feu toute la journée du mercredi dernier. Déterminée à traquer les membres de la secte Boko Haram jusqu’aux dans ses derniers retranchements l’armée nigériane a lancé mercredi une opération d’envergure contre les membres de cette nébuleuse. A l’aide des avions de combat, la traque s’est poursuivie jusqu’en territoire camerounais. C’est ainsi que les localités d’Amchidé et de Limani dans le département du Mayo-Sava ont été survolées par des Alpha Jets de l’armée nigériane. Selon une source policière, les membres de Boko Haram ont été repérés à bord de quatre véhicules tout-terrain dont un a été récupéré par l’armée nigériane et les trois autres complètement détruits. Dans cette course-poursuite, les deux parties ont échangé des tirs nourris hors du territoire nigérian. Selon un élément du BIR, les militaires nigérians ont bombardé les positions des membres de Boko Haram qui eux lançaient des grenades et autres explosifs. Prise dans la panique, la population s’est jetée dans une ambiance de sauve-qui-peut. Les deux localités étaient pour ainsi dire sous couvre feu. Les écoles et les commerces ont fermé. Le bilan de ces accrochages fait état de 03 policiers nigérians tués et de plusieurs morts côté Boko Haram. Les balles perdues ont fait des victimes au sein de la population camerounaise dont un jeune homme tué et plusieurs blessés admis dans les formations sanitaires locales. L’armée camerounaise déjà présente sur le terrain a renforcé son dispositif sécuritaire dans les deux localités. Pour l’heure, le calme est revenu et les activités ont timidement repris dans les deux villes.
La localité d’Amchidé, située à une trentaine de kilomètres de Mora constitue une plaque tournante de l’activité commerciale entre le Cameroun et le Nigeria. Elle est la partie camerounaise de la ville nigériane de Banki dont la frontière est matérialisée par une corde et un tronc d’arbre. Pour mieux traquer les membres présumés de cette secte islamiste, les autorités fédérales du Nigeria ont décrété en janvier 2012 l’Etat d’urgence dans les Etats fédérés du Nord –Est, frontaliers avec le Cameroun, le Tchad et le Niger. La fermeture de la frontière terrestre entre l’Extrême-Nord Cameroun et Borno State a plombé les activités commerciales de l’Extrême-Nord. Malgré les restrictions dans la circulation des personnes dans la zone, certains commerçants ont maintenu un filon d’activité commerciale. Tout à côté, la localité de Limani, abrite le bureau principal des douanes dont les recettes ont drastiquement chuté depuis la fermeture de la frontière.
L’enlèvement dans la nuit du 13 au 14 novembre 2013 du Père Georges Vandenbeusch, Curé de la paroisse de Nguetchewe dans le département du Mayo-Tsanaga a produit un impact très négatif sur la fréquentabilité de la région de l’Extrême-Nord-Cameroun dont les populations sont des victimes collatérales des exactions de la secte islamiste Boko-Haram basée dans l’Etat de Borno, dans le Nord-Est du Nigeria, frontalier avec l’Extrême-Nord du Cameroun. Le retentissement de ce rapt qui s’est produit 8 mois après l’enlèvement de la famille de Moulin-Fournier dans la bourgade camerounaise de Dabanga et détenue au Nigeria a fini de présenter l’Extrême-Nord du Cameroun comme une zone d’extrême insécurité. Du coup, la destination de l’Extrême-Nord est déconseillée à tous les Expatriés notamment les Occidentaux. Malgré le dénouement heureux de ces deux enlèvements, le gouvernement camerounais a déployé d’importants moyens humains et matériels pour permettre aux forces de » défense camerounaise de sécuriser le territoire camerounais.
