Le contenu, le conditionnement et la vente de cet alcool révèlent son caractère destructeur.

Le contenu

Dans cette société productrice de vins et liqueurs de Yaoundé, le secret professionnel est de rigueur.

Comme l’affirme l’une des employés sous anonymat : « Nous évitons absolument de divulguer les recettes de nos whiskies ainsi que leurs conditions de fabrication.» Elle parle quand même d’eau et de d’alcool éthylique. Des traces d’œufs et de mélasse peuvent également apparaître dans la composition du whisky en sachet. Dans une autre entreprise locale, deux terminaux sont ouverts. Un contenant du méthanol et l’autre, de l’éthanol (alcool brut). Ce deuxième type d’alcool est livré tel quel aux populations. A la Direction de la promotion de la santé, les responsables sont clairs : « Lorsque les normes de fabrication et de conditionnement des boissons artisanales ne sont pas respectées, les consommateurs courent un risque majeur d’intoxication.» D’où la décision signée le 29 décembre 1997 par le ministre d’Etat chargé du Développement industriel et commercial portant suspension de la production, de la distribution et de la consommation des liqueurs de fabrication artisanale. Pourtant, des entreprises spécialisées dans la fermentation et la distillation de l’alcool éthylique neutre à 96° conditionnent à présent cet alcool dans des sachets de 5cl.

Le contenant

Le gros du problème réside là. Un des inspecteurs des Normes et du contrôle alimentaire du ministère de la Santé publique révèle que « l’utilisation du plastique n’est pas appropriée pour le conditionnement parce que cette matière réagit avec le polyéthylène et engendre la formation d’un corps nocif qui tue à petit feu.» Selon les normes camerounaises, le whisky doit être vieilli pendant au moins trois ans dans des fûts en bois. Or, dans l’une des sociétés visitées, les fûts utilisés pour la macération sont en plastique et le temps que ces liqueurs y mettent n’est pas fixe.

La commercialisation

La norme sur les boissons spiritueuses, NC 210 : 2003-02, définit les critères de qualité des alcools au Cameroun. Plusieurs méthodes d’analyse sont utilisées pour s’assurer de leur conformité. Notamment, la vérification du titre alcoométrique volumique, la recherche des impuretés, des contaminants chimiques et des additifs. Une fois les échantillons examinés, le ministère du Commerce valide le produit. L’un des inspecteurs vérificateur chargé de la norme, de la qualité et du service après-vente explique : «Si les résultats ne sont pas convaincants, le produit est retiré du circuit de distribution ou détruit s’il est réputé dangereux.» Ceci conformément à la loi n°96/11 du 05 août 1996 relative à la normalisation. Et de relever que la vente de ces produits reste « clandestine car, quand bien même ces boissons seraient conformes, il faudrait que vendeurs et revendeurs aient une licence pour les commercialiser.» Alors, à quand l’opération coup de poing ?