En représailles à la mort supposée de leur « collègue » lors d’une interpellation, certains motos-taximen ont commis des actes de vandalisme dans la ville et à la communauté urbaine.

 On n’a jamais vu ça à Bertoua, cité où les motos sont incontournables pour le transport urbain. La ville est restée paralysée presque toute la journée. Et pour cause ! Les motos-taximen ont observé un mouvement d’humeur, totalement « insolite », précisera le préfet du Lom et Djerem, Iréné Galim Ngong. Les habitants de Bertoua, habitués à débourser 100 francs pour toutes destinations proposées, ont pratiqué la marche, pour effectuer leurs courses, à partir de 11 heures. Et cela durant le reste de la journée. A ce supplice infligé aux inconditionnels des motos, certains taximen ont commis des actes de vandalisme un peu partout en ville et dans certains édifices publics. Après le passage de ces jeunes gens surexcités, la ville, très méconnaissable, ressemblait à un vaste champ de ruine. La communauté urbaine de Bertoua a d’ailleurs payé le plus lourd tribut : trois camions et une niveleuse totalement vandalisés ; des bureaux cassés ; des vitres, antivols, portes et ordinateurs saccagés ; trois motos brûlées… Les vandales ont poussé le bouchon loin en se rendant dans les domiciles des collaborateurs du délégué du gouvernement auprès de la communauté, pour molester leurs épouses ou mettre à sac leurs résidences. « Nous n’avons pas encore évalué les dégâts ! », se lamente Dieudonné Samba qui ne cache pas sa colère contre ce qu’il considère comme une instrumentalisation d’une rumeur.

Rumeur

Comment en est-on arrivé là ? Tout serait parti d’une « rumeur sur la mort d’un moto-taximan », lors d’une « interpellation mal orchestrée » par un membre de la commission ad hoc de contrôle et d’assainissement de l’activité des motos-taximen. Deux versions totalement différentes achoppent sur cet accident qui se serait déroulé vers le marché central de Bertoua où les membres de ladite commission étaient « postés », pour procéder aux interpellations des taximen récalcitrants. Selon la version des motos-taximen, leur collègue aurait été « tué » par un agent de la communauté qui l’aurait déséquilibré lors de son interpellation, au motif qu’il n’obéissait pas à l’ordre à lui intimé. « Puis, il a caché le gilet de notre collègue sous la dalle, en prétextant que c’est un personnel et non un moto-taximen », argue Saidou, moto-taximan. Cette version est contrariée par les agents de la commission qui relatent qu’ils ont trouvé un homme accidenté à qui ils ont porté secours. Ils ont alors appelé le 118 pour qu’ils conduisent le pauvre à l’hôpital. L’accidenté s’appelle Gal Daniel, 40 ans, actuellement admis en soins intensifs à l’hôpital régional de Bertoua. « Il n’a jamais été moto-taximan ! », précise sa sœur cadette qui était à son chevet lors de notre passage en fin de journée. « Sa situation est certes grave, mais avec un peu de chance, il pourra se rétablir ! », nous a indiqué une source médicale.

Au regard de cette situation, le préfet du Lom et Djerem est descendu sur le terrain et a présidé une réunion de crise aux environs de 13 heures, pour une mise au point et prendre des mesures appropriées afin de remettre de l’ordre. Au terme de la séance de travail qui a réuni les différentes parties, Iréné Galim Ngong a pris deux mesures fortes : la première est qu’une enquête judiciaire est ouverte, pour identifier tous les fauteurs de ce trouble. La deuxième résolution est que la commission d’assainissement, les syndicats et associations des motos-taximen ont reçu mandat d’exiger désormais aux motos-taximen de présenter leurs chasubles, flanqués de leurs numéros et leurs badges. « Le contrôle des badges et chasubles sera strict de jour comme de nuit. Le contrôle des pièces exigibles se fera à partir de mars 2014 », a conclu le préfet, pour qui l’ordre et la discipline doivent prévaloir dans les rangs des motos-taximen. Tout semble rentrer à la normale, en fin de journée.