Plus de projections sont attendues pour le film sorti au Cameroun en décembre dernier.
L’envie de le revoir. Même si c’est juste pour la brillante interprétation en images de « Ma Folie » du chanteur ivoirien Meiway. Mais c’est plus que ça. C’est ce qu’a suscité le long métrage musical « Rendez-vous avec les morts », produit par Rue 113. Après le R.A.M K-mer Tour en quatre dates en décembre 2013, mois de sa sortie. Buea, Dschang, Douala, Yaoundé, villes universitaires, donc à fort potentiel jeune, ont ainsi découvert les aventures d’un groupe d’élèves dans un lycée d’art camerounais. Comme un subtil appel à en créer. Adaptation de la pièce de théâtre de la jeune Elena Matilda Serna, écrite alors qu’elle n’était qu’une adolescente, le film est porté à l’écran par trois réalisateurs. Son frère Mattia Rocco Serna, Joseph Pascal Mbarga et Julien Willy Nkiam Mahir. Au centre de l’intrigue, un trio de jeunes gens, des amis d’enfance, deux filles et un garçon, dont l’insouciante existence va se télescoper avec la tragique histoire des fantômes de leur lycée, qui hantent les lieux depuis une quarantaine d’années.
Pourtant, malgré le titre et l’image oppressants de l’affiche, « Rendez-vous avec les morts » n’est pas un film d’épouvante. Malgré un maquillage réussi, les zombies sont moins effrayants que ceux du clip vidéo « Thriller », par exemple. Et surtout, les moments effrayants sont largement compensés et même supplantés par les scènes de musique et danse, les gags, et autres effets et sons comiques qui ponctuent la fiction. Ce qui n’est pas forcément un avantage, parce que le spectateur se retrouve en train de suivre deux histoires parallèles qui auraient pu donner lieu à deux films complètement différents.
Malgré tout, on s’amuse. Grâce aux dialogues drôles et au jeu des acteurs. Un qui sort particulièrement du lot à cet exercice, langage corporel et verbal en illustration, c’est Julian Bahell, alias Mattia dans le film – à ne pas confondre avec l’un des coréalisateurs. Ses deux acolytes, Bellange Madji dans la peau de Sarah, Elena Matilda Serna pour le personnage de Kim, livrent elles aussi des prestations assez convaincantes. A leurs côtés, on retrouve les doyens David Noundji, fantasque proviseur, excellent comédien de théâtre, et Maryse Bonny, elle aussi venue des planches.
Autre point positif, des scènes musicales qui s’imbriquent parfaitement dans la continuité de l’histoire et ne rompent pas le rythme de l’œuvre. Les sonorités sont pour la plupart des créations originales, entre danses patrimoniales et musiques urbaines. On regrettera tout de même le son pas toujours au point. Et la caméra qui fait – rarement – le contraire de ce qu’on attend d’elle. Au final, « Rendez-vous avec les morts » n’est pas une œuvre parfaite, mais vaut le détour. Surtout qu’en background de tournage, l’on a des jeunes animés par leur volonté. Une qualité qui a fourni à l’équipe de Rue 1113 la patience de réaliser le film pendant quatre ans, avec des interruptions dus au manque de moyens financiers.
