Dans un ouvrage présenté jeudi à Ebolowa, la Commission Justice et paix du diocèse d’Ebolowa parle du langage codé des corrompus.

La corruption est en passe de devenir au Cameroun, une véritable culture. Certains éléments de ce phénomène se trouvent dans la construction d’une langue, dont un ensemble de codes, de signes, de paradigmes et de syntagmes. C’est du moins l’avis que la Commission Justice et paix  du diocèse d’Ebolowa expose dans son nouvel ouvrage « Les camerounismes de la corruption », dédicacé par Mgr Jean Mbarga, président de ladite commission le 23 janvier dernier à Ebolowa, chef-lieu de la région du Sud. Pour lui, une nouvelle rhétorique s’impose dans les représentations collectives. On retrouve désormais des expressions cultes comme : « le gombo ; finis avec moi ; il n’y a rien pour nous ? Tu nous laisses comme çà ? C’est çà qu’on mange ? Il y a l’eau propre, au revoir, etc. » Ce sont, d’après l’auteur, des terminologies qui rentrent désormais dans le lexique quotidien des Camerounais. « Les camerounismes de la corruption » est un recensement non exhaustif de 81 mots, formules, sentences, qui constituent le champ syntaxo-sémantique issu à la foi des ethnolèmes du patrimoine culturel national et de lexèmes des langues d’emprunt dont le français et l’anglais.

« Les camerounismes de la corruption » est un recueil de termes et d’expressions de 44 pages, très digestes pour le lecteur, présenté sous le style de glossaire et suivant une succession alphabétique, en usage dans les modes communicationnels. Ils constituent le noyau d’un discours dont la rhétorique emprunte, pour l’essentiel, à l’image. Ici, le rapport aux faits de corruption est marqué par le détour et différents biais plutôt que par des dénotations frontales, qui ont le courage de dire les choses comme il se doit. Ce livre met à la disposition de ses lecteurs, un trousseau de 81 clés pour déverrouiller les serrures de l’immense chaîne opaque de la corruption, embrigadant le pays comme en illustre l’image de la première de couverture.