Totalement transformée, la ville ne connaît plus que des travaux légers, dans la perspective du Cinquantenaire.
C’est comme s’il pensait la chose trop belle pour être vraie. Un chef traditionnel rencontré à Buea se demande si tous les ouvrages qui ont vu le jour dans le chef-lieu du Sud-Ouest vont durer. Les nouvelles routes, les travaux et autres aménagements qui ont changé la face de la ville ne risquent-ils pas de s’estomper peu après la célébration du Cinquantenaire de la Réunification ? Cette préoccupation, si elle en est une, fait sourire du côté du comité local d’organisation. Un de ses membres explique : « Le comité a effectué son travail, et mis la pression sur les entreprises. Les travaux sont finis à 95, voire 98%. Tout ce que vous voyez en ce moment, ce sont des corrections. » Il ajoute : « Pour ce qui est du suivi des chantiers, différents ministres compétents étaient encore ici à Buea il y a quelque temps. Ils ont donné des instructions qui sont appliquées. » C’est donc dans la sérénité que la suite des événements est attendue.
Le visiteur s’en rendra compte : il n’y a plus de gros travaux dans la ville, mais des ouvriers sont néanmoins visibles çà et là. Comme aux abords des services du gouverneur, où, en ce jour de fin janvier, un peintre, rouleau en main, s’applique à enduire de rouge une balustrade. En face de lui, un autre ouvrier, maçon celui-là, repart à l’ouvrage. Des seaux, un tas de gravier et d’autres « indices » montrent que le boulot se poursuit. Mais une nouvelle route, droite, qui part directement des services de la région au carrefour Police Junction, s’est matérialisée. Des poteaux électriques à panneaux solaires sont disposés à intervalles réguliers tout au long de la voie.
Parlant de route, un responsable en poste dans la ville rappelle : « Buea n’avait qu’une seule route. Aujourd’hui, il y a trois périphériques. Nous avons des parkings partout, au bord de la route et dans les quartiers. ». Les populations, réputées « habituellement frondeuses », à en croire un haut cadre de l’administration, expriment leur satisfaction. Elles qui peuvent désormais circuler sur des voies neuves ou rénovées. Le chantier engagé à Small Soppo il y a quelques mois est terminé, pour ne prendre que cet exemple.
Les routes ne s’arrêtent pas à Buea : d’autres ouvrages relient désormais la ville à des localités environnantes. « Nous sommes témoins d’un grand développement. Nous n’avions pas de route semblables avant », confie P. Ndege, étudiant, natif de Sasse. « Désormais, notre petite localité est reliée à de grands centres comme Limbe », poursuit-il. Tiseti V., jeune planteur, exprime la même satisfaction pour des raisons plus évidentes : les planteurs peuvent plus aisément évacuer leurs produits (plantain, tomate…). Ça tombe bien, il faudra beaucoup de vivres pendant les célébrations attendues.
