Ceux qui ont écouté le message du président de la République à la jeunesse lundi soir, l’ont forcément remarqué. On était loin du ton sévère d’un Paul Biya à la limite exaspéré par les atermoiements des adultes, le 31 décembre dernier. La voix volontiers plus posée, le ton paternaliste, le chef de l’Etat a parlé à ses jeunes compatriotes avec le débit d’un père qui souhaite rassurer et surtout se faire comprendre à chaque mot, chaque phrase, chaque idée émise.

Pour obtenir l’engagement qu’il attend des jeunes Camerounais dans la marche engagée vers l’objectif d’émergence, Paul Biya a choisi le langage de la simplicité et de la franchise. Il en est ainsi lorsqu’il présente à son auditoire la situation réelle de l’économie camerounaise. Même s’il y a des motifs de satisfaction, il le fait sans fanfaronnade, sans superlatif. Les données sont mesurables, les faits tangibles. Notamment sur la question de l’emploi : 200.000 nouveaux emplois prévus en 2013, et largement dépassés. Finalement, ce sont près de 225.000 emplois qui ont été créés au Cameroun, grâce aux opportunités conjuguées des pouvoirs publics et des entreprises privées.

Et l’espoir est dans la poursuite de cette dynamique qui projette à plus de 250.000, le nombre de nouveaux emplois attendus en cette année 2014. Tous ces chiffres, y compris le taux de croissance d’environ 5%, c’est pour bien indiquer que le Cameroun bouge. Malgré les difficultés, malgré les pesanteurs internes. Et n’en déplaise aux oiseaux de mauvais augure, qui persistent à répandre un discours de pessimisme en occultant les réalités les plus palpables.

En s’adressant lundi à ses jeunes compatriotes, le président de la République a une fois de plus montré son souci de donner la bonne information, pour susciter optimisme et réalisme. Objectif de l’orateur : amener les jeunes Camerounais à prendre le train de l’émergence en parfaite connaissance du contexte, mais aussi de leurs atouts, de leur rôle essentiel. D’où l’interrogation fédératrice : « Ces grands projets (…) Ces infrastructures (…) Ces milliers de logements sociaux. Ces hôpitaux et centres de santé. Ces établissements scolaires, secondaires, universitaires. Qui va les construire ? »

La réponse évidente appelle une prise de conscience, pour laquelle le père de famille indique la principale piste : la formation professionnelle. De l’école primaire à l’université, le chef de l’Etat invite les jeunes camerounais à se doter des armes pour prendre en main leur destin. Il faudra donc plus de « bons ouvriers, de techniciens capables, d’excellents ingénieurs, de comptables et de commerciaux compétents… » Clin d’œil à peine voilé à l’orientation scolaire, à la professionnalisation des enseignements.

Cela dit, la préoccupation du père au sujet de la baisse inquiétante de la moralité publique demeure. Comme en 2013, Paul Biya remet le sujet sur la table. Cette fois, pour se féliciter des efforts accomplis par le gouvernement pour redresser la barre et rappeler que l’objectif de la République exemplaire interpelle tous les acteurs de la société camerounaise : parents, enseignants, autorités spirituelles, notamment. Le président résolument optimiste sur cette question s’appuie sur des faits concrets : la forte participation des jeunes au double scrutin du 30 septembre 2013, l’élection de certains d’entre eux à l’Assemblée nationale et dans les conseils municipaux sont bel et bien le signe d’un attachement aux règles de la démocratie. Fort de ce constat encourageant, Paul Biya appelle donc les jeunes à s’approprier le projet d’accéder à un niveau de développement qui permette à chaque fils de ce pays d’avoir l’essentiel en termes de salaire, éducation, de logement et de santé. Les pères fondateurs de notre République y ont contribué en payant parfois de leur vie. Il s’agit maintenant de fructifier cet héritage. Les mots ont tout leur sens quand Paul Biya conclut : « Telle est, mes jeunes compatriotes, la tâche qui vous revient désormais. »