La pacification du Mali, relancée avec l’accession d’Ibrahim Boubacar Keïta à la magistrature suprême, n’a jamais semblé aisée. Ni pour le gouvernement malien. Ni pour la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma).
On s’attendait à ce que le chef de l’Etat malien accélère ce processus. Mais c’était sans compter avec diverses pesanteurs. De nombreuses mesures ont été prises pour désarmer les groupes armés qui essaiment dans la partie septentrionale du pays. Elles n’ont véritablement pas prospéré. Un programme de développement du nord a même été lancé. Les populations censées bénéficier de ses retombées n’y croient pas beaucoup. Plus grave, les groupes, qui refusent de se désarmer, font prévaloir leurs revendications. A telle enseigne que la pacification du Mali avance à pas de tortue. Autant le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), porte-parole des Touaregs, tient à ses revendications datant depuis des décennies, et donne, de temps en temps, du fil à retordre au gouvernement, autant d’autres groupes armés estiment avoir droit de cité et le font savoir à travers des opérations spectaculaires. C’est le cas du Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) ou bien d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ou d’Ansar Dine. Oubliant que par le passé, le septentrion n’a jamais été occupé exclusivement par des membres de leur communauté, le Mnla ne fait pas mystère de sa volonté d’hériter d’un nord Mali indépendant avec pour principale composante, la communauté touareg. C’est cette logique qui a poussé ce mouvement à s’installer dans la partie septentrionale du pays et à susciter le soutien des groupes jihadistes pour concrétiser le plan d’occupation qui a été contrecarré par l’intervention de l’armée française appuyée par les troupes africaines. Le Mnla a réussi, par la suite, à prendre ses distances vis- à-vis des groupes radicaux qui sont de nouveau revenus à la charge.
Dans ce combat d’usure contre le gouvernement du Mali et l’interminable querelle de leadership entre bandes armées rivales, on risque d’assister à des règlements de comptes permanents entre groupes armés au détriment de la relance des activités dans cette partie du pays et contre la paix chère à l’Etat et aux populations. Il faudra nécessairement trouver un consensus pour que les armes se taisent et que les bandes armées entament un dialogue constructif avec le gouvernement malien.