Au moins 10 personnes ont été tuées, dimanche dernier lors des violences accompagnées de pillages à grande échelle à Bangui. Ces nouveaux morts s’ajoutent à des milliers d’autres enregistrées dans la capitale centrafricaine malgré le déploiement des troupes internationales. Autant les forces da la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca) et l’opération Sangaris multiplient des efforts pour faire face à l’insécurité, autant les groupes armés trouvent des astuces pour commettre des crimes souvent à l’arme blanche. Il y a quelques semaines, la Croix-Rouge avait dénombré une trentaine d’assassinats dans le périmètre de la capitale.
Cette folie meurtrière fait désormais croire qu’aux dérives des combattants des ex-Séléka, ont succédé celles des anti-balaka. La semaine écoulée, dix membres de la milice anti-balaka ont investi le domicile de l’ancien ministre de la Justice, Arsène Sende, et poignardé son frère cadet tout en égorgeant le neveu de ce dernier. Loin de s’arrêter malgré les nombreux appels à la réconciliation, assassinats, lynchages et pillages se poursuivent. Hommes et bâtiments ne sont pas épargnés encore moins les églises et les mosquées. La démesure des bandes armées est telle que la Misca a menacé de recourir à la force pour contrecarrer l’insécurité qui perdure.
En dépit de l’obstination des bandes armées à persévérer dans la terreur, il faut certainement maintenir le cap vers la pacification du pays. Bien qu’il semble difficile à mener, le démantèlement des troupes armées est sur la bonne voie puisque 750 kilogrammes de munitions ont été récemment saisies lors des opérations de désarmement et de nombreuses caches d’armes découvertes. Au-delà de la folie meurtrière et du désarmement forcé, les Centrafricains devraient nécessairement marquer un temps d’arrêt pour intégrer l’incontournable réalité selon laquelle, consciemment ou inconsciemment, ils sont en train d’assassiner leur propre pays. Avant la pénible période Djotodia, l’indice de développement humain (IDH) de la République centrafricaine se situait déjà au 180e rang mondial sur une liste de 187 pays. Tandis que 67% de Centrafricains vivaient en dessous du seuil de pauvreté. Il est évident que ce triste tableau s’est davantage assombri entretemps. La voie de salut qui s’offre à la RCA, dans cette conjoncture particulièrement difficile, consiste pour chaque citoyen, à privilégier la paix et la réconciliation nationale tout en œuvrant courageusement pour la réussite de la transition.