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Dossier de la Rédaction

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Ndzinga Amougou... Nous l’avons peu connu !

Prolixe d’apparence, mais en réalité discret,L'ancien chef service Etranger de Cameroon Tribune tenait la vie par le bon bout et savait habiller ses détresses.

La forêt, après la chute d’un grand arbre se tait. Puis, la nature reprend ses droits. Il en va autrement à la Sopecam (Société de presse et d’Editions du Cameroun). La terre d’Angongo, près de Mbankomo, s’est refermée samedi dernier sur la dépouille de Ndzinga Amougou, sans dissiper la chape d’amertume qui s’est abattue sur sa famille professionnelle, depuis sa mort, le dimanche 2 févier 2014. La Rédaction de Cameroon Tribune, après cette brutale disparition, ne sera sans doute plus la même.

Ndzinga Amougou distillait en permanence de la bonne humeur. Il décrispait l’atmosphère. C’était le roi de la blague. Il en usait, en abusait même. Avec toujours pour résultat, le sourire qu’il arrachait à ses interlocuteurs, quelles que fussent les circonstances. C’était aussi le confident, l’érudit auprès duquel on demandait conseil. Ce jour-là, la nouvelle de sa mort était tombée, soudaine et inattendue. Comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu. C’est sans doute aussi pour cela que le choc en fut brutal. Personne n’a vu venir la fin de celui qui aimait à dire qu’ « on sait qu’un tambour va crever lorsqu’il commence à résonner trop fort ». La nouvelle de son décès paraissait si incroyable. « Incroyable !» Ce mot que l’homme de Copenhague avait fait sien et qui prenait mille sens dans les différents usages qu’il en faisait quotidiennement.

Tout l’après-midi du samedi 1er février 2014, veille de son décès, mais veille aussi de sa sortie de l’hôpital où il se remettait d’une intervention chirurgicale du genou gauche endommagé, trois semaines plus tôt, dans un banal accident de la route, il n’avait cessé d’amuser par ses intarissables anecdotes, des amis venus lui rendre visite. « C’est rien. D’ici une semaine, je vais de nouveau gambader comme un cabri », avait-il dit en guise d’au revoir. Ce furent, hélas, des mots d’adieu. Comment aurions-nous pu ne pas croire, à ce moment-là, à la rémission de ce gaillard à la stature de catcheur, cet optimiste contagieux qui en avait vu d’autres ? Par le passé, il a surmonté des épreuves bien plus compliquées. En 2008, après une série d’examens de laboratoire, à cause d’une boule qui lui enserrait le flanc, le médecin diagnostiqua un cancer et lui prédit froidement une fin proche. « Incroyable », avait-il répliqué! Quelques semaines plus tard, la douleur diminua, devint intermittente, avant de disparaitre quasiment, des années plus tard. Au collège aussi, lors d’un check-up de routine que les pères missionnaires de Libermann faisaient passer à tous les élèves, le chef du laboratoire n’en revenait pas de le voir debout, avec tout ce que révélaient ses analyses. Avec tout ce passé, ce pur produit de l'Ecole supérieure internationale de Journalisme de Yaoundé, qui préféra cette école à l'Enam, s’était forgé une réputation « d’increvable »…

Altruiste

Michel Um, qui au même moment que lui, fut engagé en 1975 comme rédacteur à Cameroon Tribune a été marqué par sa générosité et son sens du partage. Son frère cadet qui a témoigné, lors des obsèques, au nom de la famille, confirme : aîné d’une famille de huit enfants, Ndzinga Amougou dut se résoudre à entrer tôt dans la vie active pour élever ses cadets. Avec pour objectif que chacun d’eux obtînt le BAC. Jusqu’à sa mort, son salaire allait aux autres. A des démunis qui lui demandaient secours et la famille à laquelle il vouait un bon culte. Quand il lui restait des sous, il achetait des livres. Passionné de lecture et de musique – celles des grands groupes, de virtuoses et des chanteurs des années 70 et 80 - il s’est lui-même essayé à la guitare et a joué dans des cabarets dans sa jeunesse. De même qu’il s’est entièrement voué à l’écriture, alignant des manuscrits plus au moins achevés dont il ne se préoccupait pas beaucoup de la publication.

Totalement détaché du matériel, Ndzinga Amougou possédait une voiture de grande marque qu’il ne conduisait que peu souvent, préférant se déplacer à pied ou par taxi. Il y a deux ans, son visage n’a trahi aucune émotion particulière, lorsqu’on vint lui annoncer la perte de son cheptel, terrassé, en une journée par la peste porcine. Plus tard, il nous confiera qu’il avait eu plutôt beaucoup de mal à consoler son frère cadet qui s’en occupait, en attendant qu’il prenne la relève au moment de sa retraite...

La paternité a totalement changé le vieux routier de la plume. Peut-être parce que tardive ? Ses trois enfants arrivés, alors qu’il était à la force de l’âge, l’ont comblé de bonheur. Il ne parlait plus que d’eux. Ce qui laissait deviner qu’il en avait souffert, tant cette progéniture avait été longtemps désirée. Sous les apparences d’un roc, « d’un homme sans problème», d’une bonhommie proverbiale, sommeillait en fait un être fragile… Un bavard en apparence, mais d’une étonnante discrétion. Au point que nous l’avons peu connu en réalité, cet homme ordinaire qui avait l’art, le cas échéant, de masquer ses détresses. Comme ce mal de dos et ces douleurs articulaires qui lui arrachaient une grimace lorsqu’il descendait de voiture. Ou ce mal mystérieux qui lui donnait des crises de hoquet à répétition… Ce fut le cas après son opération. Somme toute, Ndzinga Amougou, à la différence de beaucoup d’entre nous, tenait la vie par le bon bout, savait distiller la joie, habiller ses misères, donner sans rien attendre en retour. C’est ce qui faisait de lui un être d’exception.




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