L’ouvrage symbolise nos aspirations à un destin commun.
A chaque métropole qui se respecte son monument-symbole. Le Monument de la Réunification en plein cœur de la capitale du Cameroun fait depuis des lustres partie du paysage, à tel point que certains habitants en viennent à le confondre avec le décor, au quartier Ngoa-Ekellé.
L’œuvre s’offre aux passants dès le premier regard, dans toute sa splendeur. Au point d’ôter toute envie d’aller voir plus ailleurs. Par son architecture, ce chef d'œuvre se veut à la fois un condensé d’événements ayant jalonné l’histoire du Cameroun indépendant et un témoignage vivant des questions d’une brûlante actualité. Il symbolise, par ailleurs, nos aspirations profondes à une communauté de destin. On ne peut décrypter la signification profonde de l’ouvrage sans rappeler le contexte historique. A travers cette réalisation, les concepteurs ont sans doute voulu immortaliser un événement de grande portée survenu en 1961 : la Réunification de l’ancien territoire sous mandat britannique dénommé « Southern Cameroons » et du Cameroun oriental sous tutelle française. Onze années plus tard, les deux entités fédérales vont fusionner en un seul Etat unifié. C’est pour marquer cette importante étape de la construction nationale qu’un concours national et international avait été lancé pour immortaliser un fait historique à léguer aux générations futures. Selon les exégètes, l’œuvre est né de trois sources d’inspiration : l'architecte Salomon d’origine française, le père Engelbert Mveng de regrettée mémoire et le défunt sculpteur Gédéon Mpando qui a marqué l’oeuvre par son style si caractéristique.
L’ensemble monumental s’articule en deux sous- ensembles. Au premier plan, une statue colossale représentant un homme d’âge avancé en position assise qui tient un flambeau dans sa main droite levée en signe de victoire. De part et d'autre de son corps, sont agrippés cinq enfants qui veulent aller vers le flambeau, tantôt symbole de la Liberté et tantôt la lumière qui éclaire le peuple. D’autres interprétations mettent en avant l'unité autour de la famille. Le vieillard représente alors la génération ayant lutté pour la Réunification alors que la présence des enfants souligne l'égalité des chances offertes aux jeunes générations. «Sur le plan symbolique, le fait que la flamme soit portée par le vieillard et non par des enfants signifie qu'il faut éclairer le chemin de la tradition vers la modernité, transmettre la sagesse de la tradition ancestrale aux nouvelles générations », explique un sociologue. Situé en arrière-plan, le monument principal sous forme d’une tour en spirales représente deux serpents s'enroulant autour d'un pilier avec les têtes qui fusionnent au sommet. Cela symbolise la Réunification des deux parties du Cameroun, l'une francophone et l'autre anglophone. De l’avis de beaucoup d’observateurs, ce monument fait depuis longtemps partie du patrimoine national. Il est par sa stature un témoignage vivant de notre trajectoire historique, en ce sens qu’il retrace en un merveilleux condensé le parcours effectué par la Nation Cameroun au cours des cinquante dernières années de son existence.
